1ère partie : les deux clochers
Arros, en 1550, est un village relativement important de la vallée du gave de Pau étant le siège d’ une des douze baronnies historiques du royaume de Béarn et Navarre qui s’étend alors sur un très vaste territoire entre Arros et Bosdarros et domaine des Seigneurs du dit nom depuis le 11ème siècle et Oddo d’Arros son premier représentant connu. Le village devait très certainement ressemblé à tous les autres des campagnes environnantes à peine sorti du moyen-âge avec de toutes petites maison aux murs faits de torchis recouvertes de bardeaux de bois, une simple terre battue au sol et n’ayant pour seule ouverture que la porte d’entrée sur le pignon donnant sur un chemin public aux conditions de vie et sanitaires surement des plus précaires. Tous les habitants sont en ce temps là encore presque tous regroupés dans le bourg et ils sont très peu nombreux à s’être aventurés en dehors où règne encore à cette époque la peur des loups et autres bêtes féroces qui peuplent les bois du territoire de la commune dans ce qui deviendra bientôt les différents hameaux. Les béarnais du milieu du 16ème siècle sont essentiellement des éleveurs et plus particulièrement à Arros, de brebis, dont on peut estimer le cheptel en 1558 à plus de mille têtes ainsi que de modestes artisans dont l'activité principale tourne autour de tous les métiers du travail de la laine profitant alors de l’essor de la filature Royale de Nay. Mise à part la partie supérieur de la Cardède, très peu de terrain ont déjà été défriché et mis en culture, la partie basse ne servant que de pacage aux animaux au gré des crues du Gave transformé régulièrement en véritable torrent qui viennent inonder les terres. Il y avait pourtant quelques habitations éloignées du village comme celle occupée par la famille Laragnouet à la limite des terres de la paroisse d’Arros avec celles de Saint Abit et Bosdarros où se trouvait une carrière exploitée jadis très certainement par cette même famille . Il existait aussi une autre famille vivant depuis des temps immémoriaux seule au milieu des bois sur les première pentes du mont de Roi non loin du village de Bourdettes ou personne n’osait alors s’aventurer, les Chrestia d’Arros. C’était le nom qu’on donnait depuis le moyen-âge à ces habitants victimes de discriminations en Béarn dont on retrouve la trace dans presque tous les villages du Béarn, une famille qu’on nommera plus tard cagots ou charpentiers et dont seul le travail du bois leur était autorisé comme activité ou ils excellaient d’ailleurs. Arros à cette époque ne ressemblait pas vraiment au village d’aujourd’hui qui est le résultat de celui de grands travaux entrepris au début du 19ème siècle et ce qui est certainement le changement la plus remarquable est très certainement l’absence de mur d’enceinte et de portail autour de la demeure seigneurial en ce qui concerne du moins sa partie donnant sur le bourg. Il y avait en effet de nombreuses maisons sur la place occupée de nos jours par l’église et la mairie et très certainement bien d’autres encore à l’intérieur même de la propriété du Baron où devaient loger toutes les petites mains agricoles et artisanales dont le seigneur du lieu tenait à sa disposition. Il y avait là entre autre le meunier d’Arros , Jean Bié, qui devait vivre au moulin, propriété du seigneur, sur les eaux d’un canal creusé depuis une prise d’eau en amont du ruisseau Luz, au bout de la prairie du Baron tout proche de la future route d’Oloron.
Bernard d’Arros fut le dernier Baron du lieu de sa lignée et n’eut comme demeure laissée par ses ancêtres depuis au moins cinq siècles qu’un vieux château de style tour fortifiée datant vraisemblablement du début du 13ème siècle, froid et sombre très certainement et sans doute bien éloigné de l’architecture des demeures italiennes de la renaissance qu’il avait peut être put voir tous le raffinement pendant ses chevauchées durant les guerres d’Italie au service de François 1er qui le tinrent éloigné du village.pendant vingt sept longues années, période pendant laquelle Jean de Marca , bayle d’Arros après la mort du Baron Jean d’Arros et père de Bernard avait pris en son nom, en mains les affaires courantes de la baronnie. A son retour il s’employa à la demande de la Reine de Navarre à reconstruire la bastide de Nay qui avait été entièrement détruite par un incendie en 1543 en y faisant venir à l’occasion quelques grandes familles de marchands du Béarn mais aussi des artisans tisserands de Picardie pour y relancer les filatures royales. Entre autre activité il eut fort à faire aussi avec quelques procès dont celui de l’affaire du territoire des Couts contre les communautés de la rive gauche du gave qui durait déjà depuis près d’un siècle et qui ne trouvera enfin son épilogue qu’au milieu du 19ème.
L’église Saint Jacques était très certainement une de ces anciennes bâtisses du 14ème siècle comme il y en avait d’autres dans la région et devait suivant les plans assez précis du village établis en 1827 sûrement ressembler à l’église de Saint Abit. Elle se trouvait alors sur le terrain jouxtant le château dont elle était éloignée de quelques dizaines de mètres seulement où pour se rendre aux offices ou au cimetière qui l’entourait, les paroissiens étaient nécessairement obligés de passer à travers la propriété du baron à l’intérieur même de sa basse cour, non pas depuis l’entrée actuelle mais plutôt vers les écuries qui n’existaient pas encore et cela n’avait à priori jamais posé aucun problème pour personne. A l’intérieur de l’édifice avaient été inhumés les ancêtres du Baron, d’abord sous les dalles près du coeur comme la coutume le voulait ,et dans une petite chapelle latérale où Bernard, ses deux fils ainsi qu’ Elisabeth, la dernière héritière de la baronnie, reposeront plus tard.
Nous sommes en 1559 et rien ne laisse alors présager que le choix d’une Reine allaient mettre la province à feu et à sang où dans chaque village du Béarn la question religieuse allait semer de graves troubles et tout particulièrement à Arros où tout était là réuni pour que la petite communauté soit encore plus divisée qu’ailleurs et pour longtemps. Dès 1556 , la Reine Jeanne, mère du futur Henri IV , ne cachant pas sa sympathie pour la Réforme fait venir à Nérac, une des résidences royales de Navarre quelques prédicateurs dont l’ex moine Henry Barran qui en 1559 vint aussi à Nay mais dont les prédications ne provoquèrent que des désordres dans la ville et dans toute la vallée du gave et donc très certainement à Arros. Une pétition contre le moine à l’adresse de l’évêque de Lescar fut signée par l’ensemble des habitants de Nay qui eut pour conséquence son emprisonnement. Malgré cette épisode raté , les idées de la Réforme progressent et Antoine de Bourbon, le mari de Jeanne d’Albret , quoi que fervent catholique continu à faire bon accueil aux prédicants et c’est ainsi qu’en 1560, il fut reçu à Nérac le bras droit et futur successeur de Calvin, le théologien Théodore de Bèze qui y préchat librement, c ‘est celui là même qui quelques années plus tard entretiendra avec Guillaume Casenave, le pasteur d’Arros, une correspondance dont nous reparlerons plus tard. Jeanne fut définitivement endoctrinée et abjura le catholicisme ordonnant un premier édit très contre versé qui allait bouleverser la vie des béarnais jusque dans le plus petit des villages concernant l’attribution des églises aux deux cultes qui fut très mal reçu comme à Nay ou un religieux prononça un sermon contre la nouvelle doctrine. A la mort de son époux en 1562, Jeanne désormais libre de ses actes fait envoyer une dizaine de ministre venus du Dauphiné en Béarn pour y instruire le peuple et les églises furent saisie de leurs ornements . L’année d’après, un synode (assemblée ecclésiastique) fut tenu à Pau pour y organiser le culte protestant et le collège de Lescar qui deviendra plus tard après son transfert à Orthez une académie sur le modèle de celle de Genève où seront formés les futurs pasteurs et les enfants de la haute société béarnaise. On ne sait si déjà à cette époque certains habitants d’ Arros avaient pu prendre le parti de la Réforme mais l’organisation d’un autre synode en 1566 à Nay cette fois présume que partout déjà il y avait des nouveaux convertis et que le choix du lieu avait très certainement été déterminé en fonction du nombre de ses adeptes que la région de Nay avaient récemment endoctrinés avec probablement à leur tête le Baron Bernard d’Arros , lui même, et dont la Reine lui montrera en retour toute sa reconnaissante deux ans après. N’ayant pas encore de pasteur dans la paroisse , l’église Saint Jacques reste sans doute encore aux mains des catholiques qui doivent cependant la partager quelques fois avec la venue d’un pasteur itinérant ce qui ne semble pas avoir posé de problème majeur dans la communauté arrosienne.
Le culte de Calvin reste pourtant très minoritaire en Béarn et en 1567 et pour changer politiquement la donne, la Reine fait entrer aux Etats les possesseurs d’abbayes laïques qui sont en grande majorité tout acquis à sa cause. Cependant, même si les béarnais restent attachés à leur monarque, la colère gronde dans la province et Jeanne qui ne se sent plus vraiment en sécurité avec ses deux enfants quitte le Béarn pour La Rochelle en laissant derrière elle la lieutenance générale du pays au Baron d’Arros. C’est là que se situe l’épisode bien connu de ceux qui connaissent un peu l’histoire régionale et qui allait faire entrer le nom de notre village dans la grande histoire du Béarn. Le Roi de France profite de l’occasion pour envoyer quelques troupes et soumettre ainsi le petit royaume tandis que Bernard d’Arros est alors abandonné par une grande partie des seigneurs béarnais qui se rallient aux troupes catholiques qui entrent en Béarn où ’ils pillent quelques villages avant de se rendre à Nay et s’y livrer aux mêmes exactions. Arros fut pourtant épargné même si le seigneur de Béarn dit Bonasse , gendre du fortuné marchand Pedro Sacaze qui possédait des biens à Arros, et bâtisseur de la maison carré de Nay, avait eut un temps l’intention d’aller incendier les propriété et le château du Baron d’Arros. Excepté les ministres protestants qui avaient pu s’échapper de la tuerie, ils furent assez peu nombreux les nobles autour du Baron d’Arros et ses fils à se rendre dans la place forte de Navarrenx pour y tenir un siège en attendant les renforts que la Reine devaient leur envoyer. Parmi eux se trouvait Bertrand d’Espalungue Seigneur de la vallée d’Ossau, le grand-père du futur Baron d’Espalungue d’Arros qui acheta la baronnie en 1671, et grand serviteur de la Reine. Durant quelques semaines le culte catholique fut alors rétabli partout . L’armée de secours commandé par Mongonmery entra bientôt en Béarn en direction de Navarrenx et n’hésita pas sur son passage de brûler les églises d’Asson et de Bruges entre autres mais celle d’Arros fut encore une fois épargné car étant la propriété du Baron du lieu. Pendant le siège qui avait duré trois mois, le fils et premier héritier du baron avait trouvé la mort d’un coup d’arquebuse lors d’une tentative de sortie de la place forte. Avant même l’arrivée de l’armée protestante, les assaillants avaient fuit Navarrenx et se retirèrent à Orthez où assiégés à leur tour ils furent massacrés tandis que, poursuivit jusqu’à Tarbes où il s’était réfugié le dit Capitaine Bonnasse fut tué les troupes du Baron d’Arros l’année suivante. La reddition fut totale, non sans quelques exécutions au passage, le pays fut soumis entièrement et le culte réformé partout rétabli. A Arros tous les biens appartenant aux catholiques furent saisis et confiés à l’administration des frères Bertrand et Peyroton de Salenave avant d’être vendu pour subvenir à l’entretien des pasteurs et du collège de Lescar. Le culte ancien fut désormais interdit dans toute la province et l’obligation fut faite par ordonnance de faire baptiser les enfants par un ministre, ainsi à Arros plus aucune messe ne fut désormais dite dans l’église Saint Jacques pour les cinquante ans à venir. Les prêtres eurent l’interdiction de prêcher et n’eurent d’autre choix que l’exil hors Béarn ou d’ apostasier, ce que fit le curé d’Arros avec quelques autres religieux comme à Beuste et ainsi être le premier pasteur protestant du village avant d’être remplacé trois ans plus tard par un ministre formé au dit culte nommé La Soule. L’année 1572 fut marquée par des événements importants pour les protestants de France qui n’eurent cependant que très peu d’impact direct sur la communauté d’Arros. Il y eut d’abord la mort de la Reine et le mariage d’Henri III de Navarre avec Marguerite de Valois, la sœur du Roi de France, une semaine avant le terrible massacre de la Saint Barthélémy où périr une grande partie des compagnons d’Henri qui n’échappa à la mort que par son abjuration et fut alors « retenu » contre son gré à la cour de France. Il y eut ensuite une tentative de rétablissement du catholicisme en Béarn mais dans un dernier baroud d’honneur le vieux Baron d’Arros qui était né au 15ème siècle, repoussa avec son fils Jacques et fit prisonnier le Comte de Gramont qui était chargé de faire exécuter un acte dont le Baron avait estimé que le souverain n’avait pas pu signer en toute liberté. Las d’une longue vie de batailles Bernard d’Arros fut dispensé de son titre de lieutenant général en janvier 1575 et se retira dans son château ou il mourut vers 1579 sans héritier mâle vivant. Son dernier fils Jacques, décédé avant lui ne laissa qu’une fille Elisabeth qui veuve d’un premier mariage avec son cousin de Louvie apporta en dote la Baronnie d’Arros à son second époux Pierre de Gontaut-Biron, lequel allait se montrer bien souvent tout aussi acharné protestant que son prédécesseur. C’est à cette époque que le Baron d’Arros octroyat quelques fiefs de nature agricole à ses riches corréligionnaires nayais bourgeois marchands, ministres protestants ou possédants de hautes charges administratives qui deviennent ainsi les propriétaires de domaines non loin de la bastide de Nay en passant par la voie ossalienne et le col de l’Angladure dans ce qui sera plus tard appelé le « hameau du milieu » autour du bois de Bié. Des propriétés très importantes pour l’époque furent ainsi créées essentiellement tournées vers l’activité vinicole qui fera la richesse de ces familles jusqu’à la révolution et dont les noms figurent toujours sur les cartes les plus récentes comme les lieus dits de Massaly, Riupeyrous, Mondaut, Barrère, Aleman-Bié et Casenave , les noms de leurs anciens propriétaires. En 1595 Bernard Casenave, alors ministre du culte protestant, passa un de ces contrats avec le Baron pour l’acquisition d’une terre au hameau et dont, d’après des recherches généalogiques sérieuses, la même famille fut toujours propriétaires de la ferme jusqu’au début du 19ème siècle et nombreux sont les habitants d’Arros aujourd’hui encore qui peuvent prétendre en être les descendants. Bernard était le neveu de Guillaume Casenave , aussi ministre réformé, qui fut pasteur d’Arros en 1580 après un certain Bourgade qui n’était resté que deux années au village. Guillaume, béarnais d’origine et d’abord pasteur à Nay pris son ministère au sein de notre communauté avec sa famille où il en fut le guide spirituel pendant de nombreuses années. Il fut très certainement l’un des esprits les plus brillants de son temps en Béarn après avoir étudié dans des universités en Allemagne et à Genève où il fit très certainement la connaissance de Théodore de Bèze, un proche de Calvin, avec qui il entretiendra une correspondance depuis Arros lorsqu’il fut nommé au poste le plus prestigieux de l’académie d’Orthez à la chair de professeur de théologie. Un tel personnage ne devait sûrement pas logé à Arros dans une simple maison de manant mais très certainement dans une demeure plus en rapport avec son rang et il est tout à fait possible qu’il eut habité dans une ancienne maison de style renaissance récemment construite comme celle que l’on trouve toujours au village dans la rue du Plantier qui sans nul doute avait du appartenir à un notable. En cette fin de siècle , les événements du royaume de France allaient avoir des conséquences direct sur la vie de notre petit village béarnais. Henri III de Navarre était entre temps devenu Henri IV de France après avoir abjuré le protestantisme une seconde fois et fit promulguer le célèbre Edit de Nantes en faveur des protestants de France mais surtout celui de fontainebleau en 1599 pour les catholiques du Béarn. Durant les dernières années du siècle il y eut plusieurs tentatives de rétablissement du catholicisme toutes repoussés par les Etats entièrement protestants malgré l’insistance d ‘Henri IV et plus particulièrement par Pierre de Gontaut-Biron, le Baron d’Arros qui avait jusqu’à même fomenter une « Saint Barthélemy » contre les catholiques qui soutenaient les Ligueurs harcelant les villages aux limites du Béarn qu’ils pillaient et incendiaient comme ce fut le cas dans tous ceux autour de Pontacq. Le vieux culte fut pourtant rétabli dans de nombreuses paroisses comme à Bénéjacq où il n’y avait pas de protestants et donc conservèrent leur église sous quelques conditions dont celle de ne pas pouvoir utiliser les temples quant il y avait un pasteur en place, ce qui était le cas à Arros avec le ministre Paul Brocaret natif de Lescar et que les prêtres y exercent surtout leur ministère que dans un local privé sans aucun apparat. Les arrosiens, retrouvant la possibilité de pratiquer le culte de leur naissance après vingt années sans partage des protestants, construisirent alors à leurs frais un édifice devant leur servir de nouveau lieu de culte mais sans clocher et surtout assez loin du village avec tout autour son cimetière, l’ensemble devant être entouré de hauts murs. Arros en 1600 avait dorénavant deux lieux de culte , deux desservants et surtout une communauté très divisée dont la religion traditionnelle reprenait jour après jour tous ses droits et avantages du passé . A la mort d’Henri IV en 1610 toutes les domaines lui appartenant avaient déjà été rattachés à la couronne française excepté le Béarn qui restait un état souverain avec son parlement. Pendant les années qui suivirent plusieurs autres tentatives de rétablissement totale du catholicisme comme l’avait voulu le Bon Roi avec la restitution des biens ecclésiastiques restèrent lettre morte en Béarn, les Etats étant toujours majoritairement protestants jusqu’à ce jour d’octobre 1620 où Louis XIII pour juguler la rébellion se présente avec son armée à Pau. Après avoir assisté à un messe à, Pau dite par l’évêque de Lescar , il promulgua l’union définitive du Béarn à la couronne de France entraînant immédiatement le retour du catholicisme et par l’édit de mains levée des biens ecclésiastiques dans toute la province. C’est ainsi qu’ à Arros le 2 décembre de la même année se présenta devant l’église Saint Jacques une commission avec à sa tête l’évêque Henri de Salettes chargée de reprendre possession de l’église, du cimetière et de tous les droits lui appartenant. Elle fut reçu par Messire Pierre de Gontaut-Biron Baron d’Arros, Joseph Domenjolle et Jean Lajus (ou Lassus) deux jurats protestants du lieu et les anciens des deux communautés mais le pasteur Minvielle était absent pour les discutions ce qui donna un prétexte au baron pour tenter faire revenir la commission ultérieurement mais cela lui fut refusé. Le baron malgré plusieurs oppositions ne put finalement empêcher la prise de l’église en faisant cependant observer d’abord qu’elle était bâtie sur ses terres et que sa femme Elisabeth et ses enfants y reposaient. Pour réponse la commission ordonna qu’il serait fait acte de droit de sépulture appartenant au Seigneur Baron d’Arros dans l’ancienne église. On en vint à la question d’un nouveau cimetière pour les protestants qu’ils devaient créer sur une place devant le temple mais qu’ils pourraient utiliser l’ancien pour les enterrements jusqu’à ce que le lieu qu’il leur fut assigné soit clôturé par des murs de hauteur convenable de quatre ou cinq pams. Un autre point fut âprement discuté concernant son droit et la faculté d’empêcher tout passage sur sa propriété suivant une ancienne transaction et du nouveau chemin que devraient désormais emprunter les habitants pour se rendre à la messe en évitant de passer dans sa basse-cours par un chemin détourné tout au bout de l’impasse du lavoir qui n’existait pas encore et qui nécessitait pour cela la création de deux petits ponts pour franchir des fossés. On peut très bien concevoir que se trouve là l’origine du nom de ce chemin dit « de Tourné » qu’utiliseront les paroissiens jusqu’à la construction de leur nouvelle église au 19ème siècle. Enfin une des deux cloches de Saint Jacques .leur fut laissé. Il fut alors donné quinze jours aux protestants pour déménager leurs bancs et chaises et faire les réparations et aménagements du local qu’on leur octroyait , celui là même construit vingt ans plus tôt par les catholiques et qui allait devenir leur nouveau lieu de culte. Le Baron fit remarqué de l’éloignement du dit local et qu’il pourrait être construit un autre temple plus près du village, ce qui lui fut refusé par la commission ne trouvant pas utile d’en bâtir un nouveau et que la chose ne l’avait pas beaucoup troublé auparavant. La mise en possession de l’église Saint Jacques par « le touchement » du verrou de la porte ce jour là de l’évêque fut célébré par un sonnement des cloches qui marquait aussi le début de la lente agonie du protestantisme à Arros comme dans toute la Batbielle. Si en 1620 la population du village devait encore être assez partagé entre les deux cultes , les cinquante années qui suivirent virent le nombre de protestants décliner jusqu’à ce qu’il ne reste au moment de l’achat de la baronnie par la famille d’Espalungue en 1671 plus que quelques familles d’irréductibles. Les brimades et restrictions s’ajoutant au fil des ans, les arrosiens reprirent en grande majorité la pratique de l’ancien culte avec sûrement autant de conviction qu’ils l’avaient abandonné auparavant mais comme le dira plus tard le curé Bonnecaze ils étaient de si peu de foi.
Après la fermeture définitive du temple en 1669 tout devint toujours plus compliqué avec l’obligation de se rendre à Nay où pour quelque temps encore il restait un des derniers lieux de culte réformé autorisé en Béarn et où les protestants de tout la vallée devaient se rendre pour y faire baptiser leurs enfants et pratiquer leur culte. Le dernier pasteur d’Arros avait succédé à Sallefranque qui resta en poste une trentaine d’années et le temple resta fermé jusqu’en 1682……..... la suite ici bientôt