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Arros et le gave de Pau

 

 Innondations en 1791 

      L'an 1791 et le 13 avril au lieu d'Arros et maison commune le conseil général duement assemblé aux formes ordinaires en laquelle assemblée il a été représenté par le Sieur Pierre Bernis Miramon, maire du dit lieu que pour prévenir la ruine des habitants qu'ils ne seraient trop s'empresser de faire leurs très humbles remontrances à M.M les commissaires du département et du directoire sur le danger imminent de vers leurs plaines enlevées par la rivière du Gave qui prend sa direction direct vers leurs dites plaines depuis deux années, laquelle rivière leur en a emporté par deux innondations différentes des fruits immenses en en emportant la terre et leurs vases les foins et regains écrus dans un nombre d'arpents de prairies situées en les dites plaines et il est à craindre à cause de la pente naturelle que cette rivière prend  qu'à la première innondation elle ne finisse de ravager et en emporter totalement leurs dites plaines si on ne prend pas les mesures convenables en faisant des munissements qui en arrêtent le cour. Il conviendrait donc, la communauté n'étant en état de faire la dépense qu'exige un travail aussi couteux de supplier M.M les commissaires de donner à cette communauté infortunée le secours qui leur est annoncé par le décret de l'assemblée nationale du 16 décembre 1790. Il y a lieu d'espérer qu'ils ne leur refuseront pas cette grace surquoi une délibération a été arrété  d'une commune voix pénétré de la vérité de la représentation et du malheur infaillible qu'il vont éprouver si on ne fait pas promptement les ouvrages pour contenir le Gave dans son lit qui emporta déjà l'année dernière la nouvelle route de Pau à Nay. En conséquence le conseil général a nommé le Sieur Pierre Riumpeyrous procureur de la commune pour se rendre à Pau faire les dilligences convenables pour l'obtention du secours qu'on réclame, promettant solidairement de payer au dit Riumpeyrous ses journées et frais suivant l'état assermenté qui l'en fournira et en conformité de l'usage de la communauté.

 
 

Arros et le gave de Pau

  L'observation des diverses cartes depuis celle du cadastre napoléonien fait apparaitre  que le territoire de la commune présente la particularité plutôt surprenante avec des limites communales , et ses voisins  de l’autre coté du gave, ne se trouvant pas au milieu du lit de la rivière comme on pourrait l’imaginer. En effet passé le canal parallèle au gave près de la cabanne rénové récemment on quitte dès lors le territoire d’Arros pour celui de Boeil et ceci se retrouve aussi pour l’ensemble des communes dans toute la vallée entre Nay et Baliros où les limites communales semblent pourtant bien suivre une ligne continue, preuve d’une origine naturelle de celles ci entre les villages des deux rives du gave. Ces limites sont certainement très anciennes et ont été faites à une époque où le lit de la rivière était de façon générale plus à l’ouest qu’il l’est actuellement. Le gave s’est déplacé et a évolué au cours du temps au gré de ses divagations lors des crues régulières modifiant ses bras et chenaux secondaires qui serpentent au milieu de bancs de galets et d’ilots sur une largeur de plusieurs centaines de mètres parfois. Cette zone humide des bords du gave où abondent les saules est appelé du mot d’origine béarnaise de saligue. Si les berges actuelles marquent les limites du lit mineur de la rivière plus ou moins stabilisées , une coupe et une étude géologique fait apparaitre un lit majeur correspondant à l’espace situé bien au-delà des rives et dans lequel l’eau vient déborder lors des crues sur une largeur de plus d’un kilomètre à Arros considéré comme zone humide sur les cartes du début du 19ème siècle ou quelques chenaux subsistent encore loin du lit principal. Une grande partie de cet espace s’est transformé avec les aménagements de protection des rives que les habitants des communes riveraines ont exécutés au profit de cultures irriguées ou de prairies. Mais la rivière est capricieuse et régulièrement devient un torrent dévastateur produisant de gros dégâts surtout sur les territoires de la rive droite tout au long du 20eme siècle et ce malgré les travaux de défense subventionnés par le département et l’état comme à Arros en 1932. Outre les inondations récentes, les crues historiques du gave sont nombreuses et provoquent à chaque fois des ravages comme à Mirepeix en 1952 où la salle des fêtes et le fronton sont emportés par les eaux,à signaler aussi  la grande crue de 1937 ou en 1928 à Baudreix, et 1923 à Boeil enfin en 1913 à Bordes. Arros et les habitations des villages de la rive gauche sont, elles, épargnés par les foudres du gave vu leur éloignement des rives et bâti sur une plaine étant dix mètres au dessus du niveau du lit ou seuls les terrains agricoles jusqu’au canal de l’Escourre sont alors  inondables. Une des crues les plus remarquables eut lieu en 1875 suite à laquelle le conseil général des Basses Pyrénées s’intéressent de près aux aménagements pouvant y être fait

Extraits de délibération du conseil général

Séance d’octobre 1879

       L’attention de MM les ingénieurs a été attirée sur la très dangereuse situation que les dernières inondations ont fait aux cinq communes de Bourdettes, Arros, Saint Abit, Pardies et Baliros . Un travail de défense vient d’être décidé et quelques fonds ont été votés par les communes et grâce aux secours du département on se mettra à l’œuvre incessamment.

Séance d’avril 1880

      Dans la dernière cession, nous avons entretenu le conseil général de la dangereuse situation dans laquelle les dernières inondations ont placées les cinq communes de Bourdettes, Arros, Saint Abit, Pardies et Baliros. Un plan partiel se reliant à un plan d’ensemble a été étudié et communiqué aux communes intéressées. Les conseils municipaux ont recherchés aussitôt les moyens d’exécution de ces projets. Une souscription a été ouverte pour compléter l’apport insuffisant des communes et tout fait penser que les fonds nécessaires seront très prochainement mis à la disposition de MM les ingénieurs.

« Notre commission vous demande, Messieurs, de vouloir bien recommander cette affaire si importante pour ces cinq communes à toutes la sollicitude de l’administration » . Ces conclusions sont adoptées.

MM de Castarède et Barthes font remarquer que le conseil général à demandé l’exécution par l’état d’un projet d’ensemble pour la défense des rives du gave

Séance d’octobre 1880

     Le projet relatif aux travaux de défense à exécuter contre le gave de Pau a été soumis aux conseils municipaux d’Arros, Saint Abit, Pardies et Bourdettes. Ce projet donne lieu à une dépense de 12000 francs. Les communes de Saint Abit et Pardies refusent tout concours sous prétexte que le projet en question ne les intéresse pas assez directement. MM les ingénieurs propose la répartition suivante à savoir 1/3 à la charge des intéressés, 1/3 à la charge de l’état et l’autre tiers à la charge du département et la commission demande de voter un secours de 4000 francs égal au montant des sacrifices que se sont imposées les communes les plus intéressées, Arros et Bourdettes. Ces travaux seront exécutés en 1880 et 1881. Projet adopté par le conseil général.

Séance d’octobre 1882

    En 1881 le crédit de 5000 francs voté par le conseil général a été distribué par la commission départementale dont 886.75 aux communes d’Arros, Bourdettes, Saint Abit et Pardies. Sur les fonds de l’état, un secours de 2500 francs a été accordé aux dites commune . Ces secours doivent être employés aux travaux de défense contre le gave. Au point de vue technique, les ouvrages exécutés par les particuliers consistent en général en munissement . Ce sont des coffrages dont l’ossature est fermée avec des piquets enfoncés à la masse et reliés entre eux par des fascinages. On les remplit d’ordinaire avec les plus gros cailloux que l’on a sous la main. Parfois le remplissage s’opère avec des saucissons en branchages contenant des cailloux. La direction de ces épis, qui présentent des parois verticales, est le plus souvent inclinée sur l’axe du cours d’eau dans le sens du courant.

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    Le bourg d’Arros, s'il n’est donc pas directement exposé aux crues du gave, n’est pas pour autant  épargné par des inondations tout aussi graves provenant du Luz son affluent qui vit submerger une partie de la commune encore récemment en 1997 et 2007. Mais ces crues contemporaines n’ont rien de comparable avec celle de septembre 1772 où les habitants du bourg durent se réfugier dans les greniers devant la montée des eaux après 56 heures de pluies extraordinaires qui firent aussi déborder gravement le gave provoquant des dommages irréparables dans le village de Baudreix comme nous le verrons plus loin.

Depuis les premières cartes au début du 19ème et jusqu’à celles plus contemporaines le gave de Pau présente à chaque époque un lit principal et des bras secondaires en constante évolution après chaque nouveau débordement. L’occupation en terre agricole dans cet espace s’est fait à partir des chenaux creusés lors des crues comme certainement le « canal » de l’Escourre qui est abusivement appelé « canal » puisque contrairement à ce qu’on peut trouver ça et là n’a surement pas été creusé par le baron d’Espalungue. L’Escourre est plus probablement un bras naturel du gave duquel partait encore en 1827 au croisement avec la limite communale de Bourdettes un autre bras appel , lui, « canal de l’Escourre » qui se reversait plus loin dans le bras principal à Saint Abit et dont on peut voir encore la trace sur les plans IGN de 1950 et quelques restes aujourd’hui au milieu des champs grâce aux vues aériennes. Les parcelles couvrant le lit majeur du gave ont alors une implantation plutôt anarchique comparée au quadrillage parfait de celles de la plaine au dessus tout comme elles font contourner les limites communales avec Bourdettes et Saint Abit  ceci étant   le résultat d’une occupation plus tardive avec aussi  certaines contraintes dues à l’évolution des chenaux.

   Les limites originelles séparant les paroisses des deux coté du gave étaient certainement à leurs créations celles de la rivière qui s’est donc déplacé vers la rive droite tel qu’ on peut toujours le voir de nos jours et qui donne une situation plutôt original en ce qui concerne la partie de territoire appelé « quartier Cournalis » sur les plans du cadastre napoléonien appartenant à la commune de Boeil sur une très large bande sur la rive gauche allant jusqu’au petit canal d’irrigation qui fut creusé seulement vers la fin du 19ème siècle .

    Pendant des siècles, cette situation n’a semble t-il jamais posé de problème particulier entre les habitants d’Arros et de Boeil concernant ces territoires, la commune possédant sur son vaste territoire des espaces suffisamment importants pour le pacage des animaux, et il est à peu près certain qu’il y eut même des relations très étroites entre ces paroisses avec de nombreux mariages entre des communautés qui pendant longtemps avaient été très proches par  leur attachement au  calvinisme. On peut trouver ainsi sur la carte d’état major de 1860 ce qui ressemble à un petit  chemin au milieu d’un ilot du gave qui fait curieusement la continuité entre chemin du gave à Arros et un autre de l’autre coté. Il semblerait donc qu’ il y eut alors un passage reliant les deux rives à cet endroit, soit au moyen d’un bac ou bien d’un gué permettant un accès principalement aux propriétaires des parcelles de l’autre coté du gave . Dans la même situation territoriale avec les paroisses de Baudreix et Mirepeix , Bourdettes fut cependant en conflit permanent avec ses voisins dès le 15ème siècle avec un arbitrage en 1442 par Pierre de Foix alors évèque de Lescar concernant les terrains communaux de cette dernière et Baudreix et de la transaction qui s’en suivit sur les pacages. Ce qui à l’occasion nous donne une preuve de l’ancienneté du déplacement du gave antérieur à cette date. Les habitants de Bourdettes se voient même interdits en 1780, après un procès toujours avec Baudreix et une ordonnance de l’intendant Journet de faire pacager sur le territoire de Cardède au saligat

. A suivre ici bientôt