Les anciennes maisons d’Arros
S’il semble à peu près certain que la majorité des maisons du village à Arros ont été construites ou reconstruites au 19ème siècle , ce fut très souvent sur les bases même de plus anciens édifices transmis depuis plusieurs générations de pères en fils du moins pour les plus importantes d’entres elles. Les plus modestes de la classe 5 étant encore bâties longtemps après la révolution avec des murs en bois et torchis recouvertes de paille ou de bardeaux de bois et la porte comme seule ouverture qui elles n’ont pas résisté à l’épreuve du temps et n’ont donc laissé aucune trace de leur existence passée, excepté dans les archives des notaires . Arros ne ressemble plus aujourd’hui à ce qu’il fut autrefois avant toutes les transformations du cœur du village post révolutionnaires des bâtiments publiques et religieux mais aussi des propriétés privées. Alors que reste t-il de visible de l’ancien village ? Le château des Barons , lui-même n’est pour sa partie la plus ancienne qu’une bâtisse du milieu du 17ème siècle qu’aucun baron d’Arros historique ne pu même voir le moindre mur puisque construite par Jacques de gontaut- Biron , le fils d’Elisabeth d’Arros (pour rappel ;la petite fille du célèbre Bernard) et Pierre de Gontaut –Biron. Le château fut certainement élevé sur d’anciennes fondations d’une construction antérieure comme le furent aussi toutes les maisons des habitants possédant leur propre enclos où ils avaient bâti depuis des générations leur habitation. Le premier cadastre en 1827 fait apparaitre, à quelques exceptions près, les noms des propriétaires correspondant à ceux du terrier de 1713 du moins en ce qui concerne les habitants du village même. Les maisons se sont transmises jusque-là suivant les usages en cours dans les Pyrénées, privilégiant l’ainé et ainsi garder inchangé le nom de l’enclos familial comprenant la maison et la cour et ceci jusqu’au 19ème siècle où les nouvelles lois concernant les héritages et l’état civil rendent désormais les recherches longues et plus compliquées. L’article concernant les maisons d’Arros est pour cette raison en construction permanente.
S’il ne reste aujourd’hui que très peu de trace du riche passé de notre village et c’est bien déplorable, on peut être pourtant certain que certaines habitations furent remarquables en leur temps comme le furent aussi leurs occupants. On y trouve par exemple la maison de l'avocat Cazalis devenu seigneur de Pontiacq , citée par l’abbé Bonnecaze vers 1770 mais aussi bien d’autres très anciennes appartenant à des familles dont il est attesté de la présence au 17ème siècle comme les Miramonde, Ranguine, Moussempes, Palette, Trauqué, Aulibé, et Somprou pour ne citer qu’elles et même du 16ème avec la famille Salenave qui joua un rôle important pendant la réforme à Arros. Il est fort probable que ces familles habitaient déjà à leur époque le même enclos que l’on retrouve sur le premier cadastre et que les bâtisses s’y trouvant en 1827 avaient été construites pour certaines à une lointaine époque et transformées suivant les besoins des propriétaires au cour du temps. Le type d’habitat dans les villages du Béarn et dans la plaine de Nay avant la révolution ne ressemblait pas vraiment à celui du 19ème et de sa maison qui s"elève alors sur deux niveaux et grenier comme pour mieux montrer son ascension sociale avec l’entrée au milieu de la façade principale en pierre de taille surmontée d’un linteau sculpté dans la pierre d’Arros témoignant de l’enrichissement des habitants aux cours de ce siècle et que l’on retrouve dans ce qu’on qualifie communément aujourd’hui de « maison béarnaise ».
Les maisons de nos ancêtres n’étaient surement pas aussi clinquantes pour la majorité d’entre elles mais certaines devaient surement se démarquer au milieu des petites habitations de journaliers, domestiques et petits artisans qui peuplaient en majorité le village. Celles des riches propriétaires terriens du 19ème étaient déjà deux siècles plus tôt construites en pierres et mortier de chaux et recouvertes d’ardoises avec des ouvertures croisées en pierre ciselées qui ont malheureusement presque toutes disparue (détruites en grande partie par leur propriétaire à la révolution suite au nouvel impot créé sur les portes fenêtre) remplacées par des fenêtres plus simples avec châssis en bois et leurs volets extérieurs. A ma connaissance, il ne subsiste que deux maisons au village datant de la fin de la renaissance ayant conservées une ouverture d’origine, celle dite de Dabancens dans la rue du plantier et celle de Miramonde sur la route de Pau. Mais peut être se trouve t-il encore quelques maisons possédant des pierres d’origine cachés sous les mortiers qui les recouvrent ……
Il y a bien dans le village d’ Arros une de ces maisons très anciennes dont les murs du premier niveau ont semble t-il été conservés depuis 500 ans. A priori la maison n’a pas été démolie au 19ème , laissant penser que ses murs sont encore d’origine. Rien n’est pourtant visible de l’extérieur de cette ancienne ferme et il est difficile d’imaginer quelle ait pu être à la renaissance une bâtisse remarquable. Personne n’aurait jamais pu en connaitre l’existence si un voyageur passant à Arros en 1842 et parcourant la vallée de Nay par la rive gauche du gave à la recherche de vestiges du passé n’en avait fait une description très précise au niveau architectural concernant ses ouvertures exceptionnelles dans « la mosaïque du midi » un journal local. Des détails qui sans aucun doute confirment la datation de l’édifice à la renaissance.
« J’en ai remarqué une à Arros, nommé la maison Laborde, qui doit appartenir au 16ème où à la fin du 15ème avec ses fenêtres, les unes géminées se terminant en accolade dans la partie supérieure, les autres, croisée et dont les embrasures et traverses sont délicatement taillées en nervures prismatiques ainsi que le cordon qui les couronne »
P.S Amis lecteurs, je vous laisse rechercher par vous-même en vous aidant de l’article sur les maisons d’Arros, la situation exact de cette construction dont les habitants d'aujourd'hui ignorent certainement tous de son histoire et devant laquelle vous passez souvent sans même vous douter qu’elle est peut être contemporaine de la découverte de l’Amérique. (Attention !! il y a un petit piège)