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Les Labassères

 

page 1; Les Labassères d'Arros

page 2. "cague dineros"

 

 

Les Labassères d’Arros

     Ceci est un petit article tiré des particularités des villages de l’abbé Bonnecaze en 1772 qui va changer quelque peu la vision que l’on a du territoire d’Arros et de remettre en question l’idée de ses anciens quartiers. Ce témoignage est très intéressant et apporte ici des réponses à certaines interrogations concernant la formation du village tel qu’on le connait aujourd’hui et qui semble à l’origine avoir été bien plus restreint et cela jusqu’à la révolution.

Les Bouscassés

(par l'abbé Bonnecaze en 1772)

      "Le quartier de ce nom, appartient au Bosdarros, mais il en est très éloigné. Il y a 15 ou 16 paysans qui se sont établis dans ce désert qu’on a extirpé et qu’on extirpe et cultive de jour en jour de sorte que ce terroir sera bientôt presqu’entièrement cultivé. Il est assez étendu et ceux qui l’habitent, à cause de l’éloignement de la paroisse vont à la messe à Arros ou à Nay. Ils sont au moins à deux heures de leur église. Ils eurent autrefois un procès avec leur curé, ils le gagnèrent et obtinrent le droit d’être secourus en santé ou en maladie pour le spirituel par le curé d’Arros."

    Le dit quartier des Bouscassés correspond aujourd’hui à celui des Labassères qui au 18ème siècle n’appartenait donc pas encore à la paroisse d’Arros tout comme celui du « petit hameau ». Les fermes isolées que l’on trouve sur ces territoires font sous l’ancien régime encore partie de Bosdarros . Une confirmation en est donnée par la liste  du livre terrier de 1716 des familles payant au curé d’Arros en 1750 la prémice pacaire ou n’apparaissent alors aucun des noms de ses paysans peuplant ces quartiers. Le rattachement de ces familles à Arros pendant la révolution explique aussi en grande partie l’accroissement rapide de la population de la commune au début du 19ème siècle. L’abbé Bonnecaze avance d’une situation très ancienne du rapprochement de ces habitants à Arros et l’on en trouve une autre preuve dans la réunion d’Arros et des Bouscassés déjà en 1678 en ce qui concerne les soldats qu’ils doivent fournir communément à la compagnie de Livron Espalungue des bandes béarnaises. Dans les actes paroissiaux de nay aux 17ème et 18ème siècle les noms de Labernadie, Bouzom, Bacabara, Leme, Subercaze, Ourthe, Lacrouts, Palocq, Coumet, Bees, Habarna, Lombre, Laragnoiet, Cazemajou, Bouriat et Blanquet entre autres sont dits habitants de Bosdarros tandis qu’en 1806 ils se retrouvent tous citoyens d’Arros dont le territoire s'est agrandi ainsi considérablement.


Réunion des Bouscassés à Arros

       Le 14 août 1791 se sont présentés dans la maison commune d'Arros, Jean Bouzom, Pierre Pareilh, Jean Juppé, Jean Lacrouts, Jean Ourthe, Jean Palocq, Raymond Lourau Lème, Pierre Habarna, Jean Brousses, Pierre Blanquet, Jean Bigne dit Clédou, Guilhem Castera, Jean Courales, Guillaume Bèes, Jean Meignou, Jean Lombre Plaa et Bertrand Labernadie tous habitants les Bouscassés d'Arros et ont signalés au maire que de tous temps ils avaient été réunis à l'église d'Arros à laquelle leurs ancêtres avaient été  baptisés, mariés et enterrés. Ils venaient d'apprendre avec surprise qu'ils avaient été mis sur un arrangement pris par le directoire du district des Basses Pyrénées à Pau comme voulant être réunis à d'autres églises que celle d'Arros. Ne sachant pas d'où cela pouvait venir, ils protestèrent contre le dit arrangement qui allait contre leurs intérêts spirituels et temporels. 1° Parce que de tous temps les impositions royales avaient été payés par eux à Arros. 2° Parce qu'ils voulaient meler leurs cendres avec celles de leurs pères. 3° Parce que l'église d'Arros se trouvait plus à leur portée et convenance que tout autre y compris celle de Bosdarros.

     C'est pourquoi les habitants des Bouscassés du dit lieu d'Arros, tous d'une voix unanime déclarèrent vouloir être réunis par la présente déclaration comme par le passé non seulement à la dite église mais encore à la municipalité d'Arros sous le bon plaisir de cette dernière de ne faire qu'un corps avec elle et en conséquence de contribuer à toute les charges et obligations auxquelles la dite communauté sera obligée. La communauté d'Arros leur fait part de tous les avantages dont ils jouiront dans la suite et comme elle se trouvait frappée de charges financières, elle ne pourra pas les obliger à entrer pour rien à la liquidation ni aux paiement des dettes dont elle se trouvait chargée. Bien entendu que les Bouscassés renoncèrent aussi aux partages des herms communaux et aux coupes de soutrage.

Les Labassères

   On peut lire parfois sur certains sites quelques lignes  présentant le quartier d’Arros des Labassères comme très ancien et  dont la notoriété aurait été amplifiée au cours du XIXème siècle par l’exploitation des carrières. Tous laisse pourtant penser qu’il n’en était rien  jusqu’au nom même du lieu qui n’apparait pour la première fois dans les archives (selon mes recherches) qu’au moment du projet de la construction de l’école  mixte dans les premières années du XXème siècle. Ce dit quartier que les anciens nommés « les Boscassés » n’existait pas avant la deuxième moitié du XIXème  et n’appartenait d’ailleurs même pas à la paroisse d’Arros avant l’époque révolutionnaire. Longtemps après 1789  un large terrain s’étendant jusqu’à la commune de Nay restait  d’ailleurs toujours  propriété de celle de Bosdarros  et pourtant sur le territoire de la commune d’Arros. Il y avait bien à cet endroit  quelques fermes isolées çà et là mais certainement pas de hameau proprement dit dans cet espace où il n’y avait toujours pas  de route digne de ce nom jusqu’en 1864. Tous le quartier semble donc avoir été créé pour et grâce aux carrières de labasses qui firent travailler bon nombre d’habitants d’Arros alors que l’activité de tisserand qui avait été une source principale de revenu dans les familles modestes depuis plusieurs siècles,  disparaissait alors  définitivement. Il vint aussi des villages aux alentours de nombreux jeunes hommes sans terres qui trouvèrent là du travail, s’y installèrent   et se marièrent parfois  avec les jeunes filles du village faisant ainsi grossir rapidement la population du village. En résumé les Labassères n’existaient  pas encore et n’avaient donc  jamais eut aucune forme de « notoriété »  avant cette époque.

 

  Sur les routes des Labassères….

    Quelques années avant l’ouverture de l’école et des cabarets le conseil général des Basses Pyrénées présentait plusieurs projets de chemins d’intérêt commun qui deviendront plus tard les départementales pour facilité en grande partie le transport des pierres qui jusque là étaient acheminées par d’anciens chemins ne répondant plus vraiment aux besoins et exigences des carriers et dont plus tard la commune d’Arros voulu quelques fois même se désengager financièrement pour leur entretien prétextant  une utilité  toute relative pour les simples habitants du lieu. Un réseau routier du quartier qui  n’avait certainement pas changé depuis des siècles allait en quelques années prendre la  forme  que nous lui connaissons encore aujourd’hui. Ce qui deviendra plus tard  la départementale 288 a été créé à partir de plusieurs  tronçons déjà existants et d’autres ouverts à l’occasion. Jusqu’au milieu du siècle, les fermes isolés du quartier n’étaient encore accessibles que par des chemins de terre, parfois recouverts de galets du gave déposés par les habitants au cours des siècles et  très difficile à entretenir  et le carrefour principal se trouvait alors à quelques centaines de mètres en aval  du croisement actuel des routes  vers Lys et Nay à l’intersection du chemin de la Bazie (Ourthe) d’où en partaient plusieurs autres. Depuis Arros en suivant le  chemin des carrières d’abord  on y arrivait ensuite par une portion du « chemin royal » entre Nay et Rébénacq de deux cents mètres environ avant de bifurquer à gauche après le pont dit de Barrère pour emprunter le chemin du même nom sur l’actuel route départementale 288 sur le coté gauche du Luz  qui se terminait alors au dit carrefour. Pour aller plus loin vers ce qui deviendra les Labassères il fallait passer de l’autre coté du ruisseau par un pont ou un gué  puis longer un chemin en direction du moulin de Blanquet où il fallait encore traverser le cour d’eau (le pont de Horgues n'existant pas encore) pour se retrouver dans le quartier actuel des Labassères. Le tracés de l’actuel RD 288 sur environ deux kilomètres n’existait pas encore et pour reprendre la direction de Lys un peu plus loin sur le chemin de Casterat à Nay qui se prolongeait jusqu’au dit carrefour  il fallait suivre une portion de  chemin qui n’existe plus aujourd’hui et dont on peut encore en  voir les traces sur une photo aérienne prise dans les années 50. Un autre chemin partait toujours de cette intersection dans la même direction que le précédent de l’autre coté du  ruisseau dit de Lourau. Enfin et très certainement le plus ancien de tous, le chemin d’Ossau  qui longeant le Luz coté droit et le moulin de Tourné croisait plus loin le chemin royal en direction du haut de Nay. Ce chemin était très certainement un vestige de la très ancienne voie ossalienne sur laquelle transhumaient les pasteurs de la vallée d’Ossau qui traversaient Ste Colome pour rejoindre Arros dès le bas moyen âge menant ainsi leurs troupeaux vers le pont-long ou le plateau de Ger. Cet axe fut aussi quelques siècles plus tard très certainement une voie secondaire vers St Jacques de Compostelle, ceci étant une probable  explication dans le choix du nom de Jacques comme patron de l’église d’Arros.

   A partir de 1864  et durant une décennie les travaux de construction de la route eurent lieux alors que l’activité des carrières tournait à  plein régime à un moment où de nombreuses  nouvelles constructions voyaient le jour  dans les  villages de la plaine de Nay. Les pierres transitaient toujours par les anciennes routes que les lourdes charges endommageaient régulièrement jusqu’en 1894 où il fut l’objet d’un programme au conseil général réclamé par le conseiller d'arrondissement Lacq depuis septembre 1892, de créer la liaison entre les départementales 287 et 288 par la cote de Pareilh qui devait faciliter ainsi l’acheminement des pierres depuis les  carrières  jusqu’à   la nouvelle ligne de chemin de fer. Les travaux débutèrent après l’expropriation de 43 ares 60 centiares de nature de sol, chemin et d’inculte sur les parcelles 464, 466, 467 et 472 de la section  C du plan cadastral de la commune situés dans le quartier de « la peyreres » Ces terrains appartenant en 1828  à Crouseille, un huissier de Nay,   fut indemnisé moyennant la somme de 3800 francs pour la rectification du chemin vicinal ordinaire dit des carrières  de la commune. En 1897 La commune d'Arros qui possède 531 mètres du chemin d'intérêt commun N°87 refuse pourtant d'y faire quelques prestations d'entretien et envisage même d'obliger les charretiers transporteurs de dalles à en faire les réparations.     

A suivre

 

Trouvailles néolithiques à Arros en 1998

    Pierre Lafoeste, agriculteur aux Labassères à Arros -Nay a découvert en labourant son champ deux petites pierres qui se sont avérées être des outils néolithiques datant d'environ 8000 ans: une petite meule à grains en granite et une hache basaltique. Ces pièces pourraient provenir d'un tumulus naguère détruit par un bulldozer.

 
 

L’âne « cague dineros »

Cette  petite histoire  à été rapportée dans un journal en 1925

      Le quartier Labassères n’a pas de poule aux œufs d’or mais le citoyen Estournecu avait jadis un âne qui pondait des pièces de cent sous. Le fait est assez rare pour qu’il mérite de le faire revivre.

   Le sieur Estournecu était pétri de malice et on signale encore dans le quartier les nombreuses farces qu’il a jouées à son entourage. Entre autres celle –ci :

    Il avait un âne qui était la perfection de l’espèce : taille moyenne, tête mignonne, oreilles mobiles, queue touffue ; un amour quoi ! La foire de Nay était proche. Estournecu songea à tirer le meilleur partie de maitre Aliboron. Et pour cela il y trouva un compère qui le servit à souhait. Pendant que le premier s’arrêtait sous les arceaux  dans un débit en renom, le second  fouillait le marché aux ânes  à la recherche de quelque naïf qu’il trouva dans la personne d’un Lavedanais. « Vous voulez acheter un âne, lui dit-il, j’en connais uns qui fera votre fortune, car il pond des pièces de cent sous. Il suffit pour cela de lui crier à l’oreille « cague dineros ! » Quelques instants après, la transaction avait lieu, car l’âne donna la preuve que son corps recelait bien une fortune. Pendant que le Lavedanais vidait un verre avec son précieux intermédiaire, Estournecu versait une certaine quantité d’huile et quatre pièces de 5 francs dans l’orifice de la bête réservé à une autre fonction et à l’approche du marchand de la montagne il crie « cague dineros » et flanque un coup de bâton sur la croupe de l’animal qui d’une ruade énergique rendait le commencement du trésor que se réserva naturellement le propriétaire.

    On ne sut jamais si le Lavedanais, à l’instar de l’homme de La Fontaine, éventra l’animal pour puiser directement dans la mine qu’on lui avait fait entrevoir mais ce qu’il y a de certain c est que le quartier des Labassères rit longtemps de la farce qui lui fut jouée. On en parlera longtemps.