. L’espion qui venait d’Arros
Ce fait divers eut lieu en juin 1788 pendant les troubles en Béarn peu avant la révolution qui met en scène mon aieul (mais pas celui dont je suis le plus fier) ; plus d'info bientot ici
Un incident montra à quel point se trouva portée l’irritation des esprits. Un voyageur écrivait sur la table d’un cabaret où il avait pris gîte. L’enfant de la maison, âgé de douze ans, parvint à lire furtivement quelques lignes de sa lettre et vit qu’il y était question du parlement. Il se hâta d’avertir des personnes qui se trouvaient dans le voisinage. Un espion ! cria t’on aussitôt. En peu d’ instants , le voyageur se vit entouré, saisi ; on lui arrache la lettre adressée à Mr de Caupenne, commandant à Bayonne et contenant en effet des renseignements sur l’impression que les édits avaient faite à Pau. Un espion ! on le menace du sort réservé aux espions. Heureusement deux officiers survinrent et persuadèrent à la foule qu’il convenait de conduire le traitre en prison et de lui faire son procès en règle. Ils mirent en effet le voyageur sous les verrous et peut- être sauvèrent ainsi sa vie. On l’interrogea le lendemain : il se nommait palette, né à Arros, instituteur à Capbreton. Le parlement ordonna sa remise en liberté, mais redoutant quelque violence de la part du peuple, il ajouta que le prisonnier serait extrait de la conciergerie et conduit jusqu’aux limites de la ville par un huissier commis à cet effet. Mathieu Brouca, huissier, rempli cette mission en robe, et tenant en main l’arrêt du parlement. Son procès-verbal constate que la populace s’assembla devant la prison au nombre au moins de six à sept mille* de tout sexe. Cet attroupement le suivit en poussant des cris et des huées mais sans se livrer à aucun mauvais traitement contre Palette.
**Il y avait à cette époque moins de 10000 habitants à Pau