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Laragnouet, soldats de l'Empire

 

Laragnouet, soldats de l’Empire

    Dans les registres militaires de la période du 1er Empire  on peut retrouver la trace de nombreux arrosiens qui  furent enrôlés dans les   différents régiments ayant participés aux guerres napoléoniennes. Il y a aussi  au village une famille certainement plus touchée  par les conscriptions que les autres dont les enfants ont servi  leur patrie avec plus ou mois de fortune, les Laragnouet. Ils étaient quatre Jean fils de Mathieu Laragnouet l’ainé des enfants de Jean Domengine de Bruges qui vint s’installer à Arros en 1744 dans l’ancienne ferme Laragnouet après son mariage avec Jeanne âgée de quinze ans seule  héritière de sa maison. Au début du 19ème il ne restait de leurs enfants males que Mathieu qui avait épousé en  1780 Catherine Houre de Bordères qui deviendra ainsi la souche des Laragnouet d’Arros et Jean son frère cadet beaucoup plus jeune qui s’était installé comme cabaretier à Nay avec sa femme Antoinette Piahau de Bourdettes dont les enfants après leur faillite immigrèrent aux Brésil en 1835 mais c’est là une autre histoire passionnante qui fera l’objet d’un article avec de nombreux détails concernant ces aventuriers du nouveau monde où ils laissèrent jusqu’à aujourd’hui encore bien plus qu’une simple trace de leur existence.

   Les époux Mathieu et Catherine  ont eut deux filles, Suzanne et Jeanne et cinq garçons ayant tous  reçu le même prénom de Jean à leur naissance exception faite du petit dernier prénommé Jean François dont l’écart d’âge de seulement deux ans entre chaque a considérablement compliqué les recherches généalogiques pour savoir de quel Jean il s’agissait pour les évènements à suivre.

   Le premier d’entre eux était né en 1781 mais il mourut à l’âge de quatre ans laissant alors son frère premier cadet né en 1784 dans la position d’héritier de la famille Laragnouet  lui évitant peut être ainsi la conscription. Il épousa en 1815 Marie Barrère, la première née des filles de Jean Lassus Barrère et Madeleine Mesplé (mes ancêtres) dont les origines nobles de cette dernière sont uniques à Arros et eurent une descendance conséquente d’où sont tous issus les Laragnouet et alliés  contemporains.

Il est assez rare de trouver dans les registres d’état civil quelques détails concernant les circonstances ou le lieu d’un décès. Un acte particulier datant du 27 septembre 1812 nous apprend d’après une lettre Mr Cacaret le  juge de paix du canton de nay au maire d’Arros Mr d’Espalungue, la mort mystérieuse sur le territoire de la commune sur l’ancienne route de Nay à Rebenacq d’un jeune homme que Mathieu Laragnouet et son épouse ont reconnu comme leur fils dernier né Jean François âgé de 22 ans, militaire en service de la classe 1810. Beaucoup de questions sans réponse (pour l’instant) autour de cette mort plutôt étrange d’un soldat abandonné sur le bord d’un chemin si prés de sa maison paternelle et si loin des champs de bataille. Jean François était entré au service du 56ème régiment d'infanterie de ligne engagé dans la guerre d'indépendance espagnol ou il déserte le 19 avril 1809 et a été jugé par contumace le 26 avril 1809 à 5 ans de travaux publics .

Signalement du 30 juin 1809 de Jean François Laragnouet: taille 1.65 m, cheveux et sourcils chatains, yeux roux, front découvert, nez gros, bouche grande, menton à fossette, visage rond, teint  coloré.

       D’un autre jean, fils né le 22 avril 1786  et conscrit de l’an 1806 , on connait une partie de son histoire  grâce aux  archives militaires  mais surtout par une lettre qu’il écrivit à son père le 4 mars 1814 alors qu’il était resté à l’arrière suite à une blessure pendant les derniers assauts de  la campagne de France. Depuis l’hôpital de Courbevoie où il est convalescent  mais presque guéri et  ayant attrapé la gale il s’inquiète de ne pas recevoir de nouvelles des siens au pays qu’il n’a pas revu depuis au moins quatre ans soit quelques temps avant le départ de son frère Jean François dont il semble ignorer le triste  sort. Malgré son infortune, sans argent, comme toutes les troupes qui n'ont pas été payé dans les derniers jours  avant l’abdication de Napoléon, tirailleur au 8ème régiment de la jeune Garde sous le commandement du Maréchal Ney il reste pourtant fidèle à l’Empereur malgré une situation désespérée , les ennemis venant de toute part et se rapprochant désormais de Paris. Le soldat Laragnouet avait du  faire de nombreuses campagnes et marcher aux quatre coins de l’Europe depuis son incorporation lorsqu’il  se retrouve à Paris à la fin du mois de Janvier 1814 après certainement une énième bataille. Un repos de courte durée pour son bataillon qui reprend les marches forcées nuits et jours dans la boue et la neige pour se rendre à 40 lieues de là pour ce qui sera son dernier combat à Brienne dans l’Aube. L’Empereur commande personnellement les troupes composées de 30000 hommes qui en infériorité tiennent cependant tête aux troupes coalisées de Buchler mais les pertes sont nombreuses parmi les français  dont  le contre amiral Pierre Baste et deux autres généraux  mais surtout Laragnouet perd son camarade de lit (binome) Medevielle de Pardies qui fait parti des douze Béarnais sur les quinze du bataillon morts dans les combats le même jour . C’est pendant la retraite ordonnée par l’empereur que Jean Laragnouet  est  alors fait prisonnier par les troupes russes. Après cinq jours de captivité il s’évada mais se trouva  nez à nez avec une sentinelle  russe qui l’arrêta et le blessa d’un coup de baionnette sous le bras. Dans la bagarre il déroba l’arme de son ennemi et lui transperça le ventre et s’enfuit vers l’hôpital en ayant pris soin de faire les poches du cosaque où il trouva onze francs qui lui servirent pour acheter une chemise et une paire de soulier.

  L’empereur abdiqua un mois plus tard et Jean qui  passa d'hôpital en hôpital ne revit surement pas les derniers champs de bataille  et fut certainement renvoyé dans ses foyers au mois d'Avril

   Après 6 ans de campagnes Jean Laragnouet  entre 1807 et 1815 resta dans l’armée comme gendarme à Hagetmau et Saint Sever où il se fait dorénavant appeler Domengine  pour finir maréchal des logis  après une longue carrière de  près de 33 ans  à  la compagnie du département des Landes. Pour l’ensemble de sa carrière et de ses campagnes dans les armées napoléonienne  il est fait chevalier de la Légion d’Honneur  et comme ancien soldat de l’Empire encore vivant en 1857 il  reçoit à ce titre  la médaille de Saint Hélène. Il s’est marié le 7 novembre 1827 à Hagetmau où il est en poste avec Elisabeth Léon de St Sever dont sont issus trois garçons ; Maximien  , Vincent  et  Pierre Victor. Ce dernier, après de brillantes études , que son père le voyait bien faire une carrière militaire, fut chef de bureau à la compagnie des chemins de fer du midi mais surtout trésorier dévoué et apprécié  de la société archéologique de Bordeaux. De son mariage en 1856 avec Zulma  Merle il n’eut aucun enfant.   Jean Domengine retraité le 11 février 1845  perçoit une pension de 381 francs  et fait alors  profession de cafetier à Saint Sever et décède le 12 février 1860 à l’âge de 74 ans à Bordeaux où il est inhumé au cimetière de la chartreuse.

à suivre ici bientôt