Echange de terrain
Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de la commune d’Arros
L’an mil huit cent trente huit et le deux février le conseil municipal de la commune d’Arros assemblé en session ordinaire au lieu ordinaire de ses séances, étaient présents M.M Casalis, Grilhou, Lassus, Suberbielle, Poulit, Harclup, Casaux fils, Capadou adjoint et Miramon fils Maire. M.le maire a dit : " M.M, par contrat passé devant maitre Duclos, notaire à Nay le 26 juin 1826 entre feu le Baron d’Espalungue propriétaire du terrain appelé Pétrique et le sieur Bordenave adjoint d’Arros, faisant et agissant pour le compte de la commune, il fut fait l’échange de l’ancien local de l’église et cimetière appartenant à la commune contre celui de Pétrique pour y construire la nouvelle église. Feu M. le Baron consentit verbalement à ce que la commune prit possession du dit terrain pour y effectuer la dite construction avant qu’il n’en lui même de l’ancien local qui lui avait été cédé en contre échange par le dit contrat jusqu’à ce que cet édifice serait entièrement achevé. A présent que ce temple est terminé, que les offices divins si célèbrent, la famille d’Espalungue réclame l’entière exécution du dit traité et demande à entrer en possession du dit terrain mais avant de le leur livrer, il convient M.M. de faire la translation du nouveau cimetière sur le local de Birouste acquis par la commune destiné à cette fin et très propre à cette destination ainsi que de demander à M. le Préfet les autorisations nécessaires dans cet objet."
Le conseil, ouï M. le Maire vu le contrat du 20 juin précité par lui présenté, et considérant que la famille d’Espalungue est fondé à réclamer l’exécution des conditions ramenées dans cet acte, et quelle est en droit de prendre la possession et jouissance de la manière réglée par les lois sur la matière de l’ancien local de l’église et cimetière enclavé dans leur propriété, est d’avis à l’unanimité de transporter le cimetière sur le local de Birouste destiné à cette fin et au préalable de demander à M. le Préfet l’autorisation nécessaire à cette translation ainsi que d’autoriser M. le Maire à faire lever un plan et devis pour le faire clore en mur de pierre, chaux et sable.
Les projets de construction
Les changements de régime avaient maintes fois repoussé sa construction jusqu'au mois octobre 1832, date à laquelle les premiers plans de la nouvelle église projetée sont enfin dévoilés. L’édifice devait conformément aux dessins de l'architecte se trouver entièrement sur le terrain dit enclos de Pétrique (cote 104 sur le cadastre napoléonien) que le Baron avait acquis peu après la révolution le 13 juillet 1790 et échangé avec la commune contre celui de l’ancienne église et du cimetière à laquelle il appartenait depuis 1789 et la confiscation des biens de l’église. Cette première étude présentait alors un projet où l’implantation de la construction sur le dit terrain se trouvait à l’angle de l’avenue du château et de la rue des Pyrénées avec donc une entrée donnant directement sur cette dernière. La place que nous connaissons aujourd’hui n’existait donc pas dans les premiers plans édifiés par leurs rédacteurs ni même la construction de la nouvelle mairie et l’école. Pour des raisons que nous verrons dans un autre article entièrement consacré à l’église, les discussions à propos de la construction sont une fois encore repoussées jusqu’ au mois d’aout 1834 où le conseil municipal d’Arros composé alors de Miramon fils l’adjoint (le maire étant absent) et les conseillers Grilhou, Porte, Juppé, Capadou, Suberbielle, Poulit, Casaux fils, Casalis et Paris s'est réuni dans l'ancienne maison commune (cote n° 107) pour y débattre de l’acquisition d’un terrain nécessaire à la nouvelle bâtisse. En effet ils considèrent désormais que le terrain appelé de Pétrique se trouve un peu à l’étroit d’après les dimensions établies sur les plans et que la commune compte tenu de l’adjudication et du rabais fait est en mesure de faire l’acquisition d’un terrain jouxtant celui qu’elle possède pour donner et ce sont les mots du rapport du conseil à ce temple toute l’élégance et la majesté convenable.
Ce terrain est la propriété du Sieur Birouste dans l’enclos du même nom coté n° 106 sur le plan cadastral de 1827 confrontant à l’est et au sud la terre de Pétrique, à l’ouest la commune et au nord prigadaa dont une partie est nécessaire pour la construction de l’ église que la commune d’Arros lui propose donc d’échanger contre un autre dont elle veut faire l’acquisition appelé enclos de Soubernats (cote n°86) appartenant au Sieur Escoubé de Nay.
La commune s’engage pour cela de lui payer trois cents francs dès qu’elle aura eut les autorisations du Préfet et de lui faire construire une maison dans les mêmes dimensions que celle qu’il possède sur le terrain appelé Soubernats où il pourra réemployer les pierres de taille, poutres et autre boisages de son ancienne bâtisse. Birouste se réserve en outre le droit d’enlever les arbres et les vignes de son jardin pour les planter dans son nouveau local. La commune aura un terme de cinq ans pour le dit achat et construction et dans ce laps ce temps il pourra rester dans son enclos à l’exception faite du terrain nécessaire à la construction de l’église.
La maison sera démolie finalement en 1837 comme celle aussi de Soubernat qui devient dorénavant la propriété des Birouste et dont les descendants habitent toujours sur ce terrain situé en face du presbytère dans la rue des Pyrénées.
Signé Thiers
A de nombreuses reprises depuis le milieu du 18ème siècle, la reconstruction de l’église paroissiale sur un terrain plus accessible aux habitants d’Arros avait été à l’ordre du jour des assemblées de jurats d’abord sous l’ancien régime puis des conseils municipaux post révolutionnaires et chaque fois les tractations avaient échouée et les projets avaient été repoussés à cause de la mésentente entre les diverses parties, des changements de régime ou plus tard par le manque de crédits. Après les premiers plan, devis estimatifs et l’adjudication des travaux en 1832 et alors que tout le projet semblait enfin en passe d’être mis en œuvre, le début du chantier est une fois encore retardé suite au rejet du devis quantitatif et qualitatif par le ministre du commerce et des travaux publiques de Louis Philippe 1er qui deviendra plus tard le 1er président de la Troisième république, Adolphe Thiers.
Lettre au préfet des Basses Pyrénées
Paris le 5 fevrier 1833,
Monsieur le Préfet, j’ai fait examiner par le conseil des bâtiments civils le projet relatif à la reconstruction de l’église de la commune d’Arros. L’analyse de ce projet m’a paru démontrer que son auteur est également étranger à la théorie de l’architecture et à la pratique d la construction, et quoique le devis annonce quelques connaissances pratiques de la comptabilité, il est toute fois rédigé suivant une méthode très vicieuse. En effet, la maçonnerie n’y est pas détaillée, et notamment les dimensions des pierres de taille n’y sont pas relatées. Il y a également absence de tous détails métriques et même estimatifs pour les planchers, les balustrades, les cloisons, les plafonds et la couverture.
Mais ce qui prouverait dans l’auteur du projet l’inexpérience des plus simples notions de la construction, les bois doivent être coupés dans une propriété de la commune et tout le monde sait à combien d’inconvénients on s’expose en mettant en œuvre des bois fraichement abattus.
Outre tous ces défauts, bien suffisants pour faire repousser le projet, le conseil des bâtiments civils à signalé dans le rapport que vous trouverez ci-joint une intention qui accuse à la fois l’imprévoyance de la commune et celle de l’architecte.
Le devis suppose l’emploi des matériaux à provenir de la démolition de l’ancienne église, mais quelques célérités que l’on doive apporter dans la construction de la nouvelle, il faut compter que les travaux dureront deux ou trois ans, et dans cet intervalle de temps les habitants seront privés de local pour la célébration du culte.
D’un autre coté, les déductions opérées au devis, tant pour la valeur des vieux matériaux que pour celle des branchages à provenir de la coupe des bois ne sont justifiées par aucun détail de prix .
On parerait à ces deux inconvénients en stipulant que l’ancienne église ne sera démolie qu’après l’achèvement de la nouvelle et en adjugeant toute fois, d’après une estimation détaillée et motivée, les matériaux à provenir de sa démolition.
J’ai donc pensé, comme le conseil des bâtiment civils , qu’il y avait lieu de refaire en entier le projet dont il s’agit, et que l’esquisse présentée par son rapporteur pourrait servir de base pour la composition des nouveaux plans, auxquels il sera nécessaire que l’architecte joigne un devis descriptif des constructions, un détail estimatif bien développé, appuyé de sous-détails de prix et un cahier des charges de l’adjudication.
Comme il paraitrait difficile d’espérer un tel travail de l’auteur du projet rejeté, il serait dans les véritables intérêts de la commune le confier à un architecte d’un talent éprouvé.
En soumettant ce nouveau travail à mon approbation, vous aurez soin de me renvoyer le rapport ce dessus énoncé, ainsi que l’esquisse qui accompagne les plans et devis ci-joints.
Signé Thiers, ministre du commerce et des travaux publics
Détails de la construction
Pour les constructions de la mairie et du presbytère de nombreux plans, devis quantitatifs et qualitatifs ainsi que le cahier des charges sont conservés aux archives départementales, il n’existe cependant qu’un seul document concernant la construction de l’église, excepté ceux de sa décoration trente ans plus tard, sous la forme d’un l’état des journées et des fournitures fait par Jean Maisonnette d’Arros l’entrepreneur sur l’ordre du maire ou il y détaille quelques postes et leur cout.
Les 6 et 7 octobre 1837 ; 4 ouvriers pour commencer à placer le maitre autel (5 francs par jour)
Le 16 octobre ; 3 ouvriers pour le transport des pierres dalles pour assujettir la maçonnerie (3 francs)
Les 23 et 24 novembre : Jean et son fils Pieranou mettent en place l’horloge (2 francs 10 sous par jour) Un sou, soit le 20ème du franc ou 5 centimes était une mesure de l’ancien régime que les français continueront encore à l’employer pendant longtemps
Le 25 novembre : 4 ouvrier pour le même ouvrage et la mise d’aplomb de la cloche (5 francs 10 sous) et fourniture de 200 clous de marche (1 franc 4 sous) et bois pour 4 poulies pour la monture de l’horloge (1 franc)
Le 27 novembre ; 2 ouvriers pour commencer le banc (3 francs)
Le 29 novembre ; 2 ouvriers pour remplacer les gradins de l’autel (3 francs), la fourniture de 200 clous de marche (1 francs 4 sous) et la fourniture et façon du plancher de derrière le maitre autel (12 francs)
Le 16 décembre ; 3 ouvriers pour les gradins, le transport et le sciage d’une poutre du pont de Laclède (5 francs) et fourniture de pointe de Paris (1 franc)
Le 20 décembre ; 8 ouvriers pour préparer l’église à la veille de la bénédiction (12 francs)
Le 21 décembre ; 4 manœuvre à 10 sous chacun (2 francs)
Le 22 décembre ; 4 ouvriers pour placer les agrafes de la sonnerie et faire une porte pour l’entrée des courbés (5 francs 10 sous)
Le 23 décembre ; 4 ouvriers pour le banc (5 francs 10 sous)
Les 27 et 28 décembre ; 4 ouvriers pour le banc (5 francs 10 par jour)
Les 29 et 30 décembre ; 5 ouvriers (7 francs par jour) fourniture de clous de Paris (1 franc), de 5 mètres cubes de sable chaux et pierre pour la maçonnerie du maitre autel (25 francs), de 3 mètres carré de planches au dessous du clocher (6 francs) et d’une feuille de tôle pour fermer les croisés de la petite cloche (2 francs).
Les 8, 9 et 10 mars 1838 ; 3 ouvriers pour placer le bénitier (4 francs par jour) et fourniture de plomb (2 francs 10 sous) et fourniture de bois pour la corniche du banc la pied des petits bancs (2 francs) et pointe de Paris (12 sous)
Le cadran de l’horloge estimé à 6 francs et la fourniture d’une planche feuille pour l’autel (2 francs)
A ce stade de l’avancement des travaux le cout total s’élevait à 1671 francs et 15 sous

1 église projetée; 2 maison Birouste; 3 avenue; 4 maison commune; 5 cimetière projeté; ; 5 bis terre à Pétrique. 6 place publique