L'église d'Arros

 

Les origines

   L’histoire de l’église paroissiale d’Arros est lié à celle de ses abbés laïcs propriétaires de l’enclos sur les terres du Baron  comprenant l’édifice lui-même, le cimetière autour mais très  certainement d’autres terres dites abbatiales  dans Arros. Contrairement à la plupart des abbayes laïques du Béarn il n’y a pas de maison dite « d’ abbadie » bâtie à coté de l’église comme on peut le voir par exemple à Saint Abit et laisse donc supposer qu’à l’origine , Arros  étant une Baronnie le patron de son église devait être le Baron lui-même. Par ailleurs  le dénombrement de 1385  ne  mentionne pas  l’existence  d’une abbaye laïque à Arros dont on trouve seulement  la toute  première trace lors de la vente de la demi dïme  en 1547 par Arnaudine , Dame propriétaire de l’abbadie d’Arros en faveur de son fils Bernard de Doumy abbé de Saint Abit lequel en revendra le quart vers 1555 à Peyroton de la Torte Seigneur de Caussade et trésorier du Béarn. Dès lors ce titre ne quittera plus cette famille qui va posséder ainsi  l’abbaye d’Arros  jusqu’à la révolution. Le fils de Bernard , Jean de Doumy de Saint Abit  et abbé d’Arros est resté catholique au moment de la réforme et fut saisi de tous ses biens qui lui furent  pourtant rendus assez rapidement  à l’exception semble t-il de ceux d’Arros dont l’église fut rénové en 1617 après avoir servi de temple pendant  plus de quarante ans de protestantisme sans partage. Sa fille Marie de Doumy, marié à Henry  de Ragues,  seigneur d’Espalungue et de l’abbaye de Laruns, transmet alors l’abbaye à sa fille Anne de Ragues d’Espalungue qui épousera en 1640 le très catholique  Raymond d’Abbadie de Livron avant d’en faire donation le 13 mai  1664 à son fils ainé Henry  puis à son frère  Charles,  conseiller au parlement et dit seigneur de l’abbaye d’Arros en 1692 sur son contrat de mariage. C’est ensuite à son fils Alexis Ier d’Abbadie de Livron conseiller au parlement de Navarre que revient le titre dont sont issus de son  mariage avec Marie de Lom, Alexis II le dernier abbé laïc d'Arros et Marie l'épouse d' Henry Auguste d’Espalungue dernier baron d’Arros  de l’ancien régime et désormais copropriétaire de l'abbaye d'Arros.

   Il n'existe que très peu d'information concernant la bâtisse et son cimetière autour si ce n'est leur contour que l'on peu distinguer sur les carte de Cassini à la fin du 18ème siécle et une petite description faite en 1683 lors d'un inventaire des biens ayant appartenus aux protestants par trois jurats de Nay. L'examen des restes du temple qu'ils trouvèrent "fort ruiné" nous apprend qu'il était entouré de murs d'une dimension approximative de trente cinq pas par vingt quatre soit  environ 24 mètres par 18. Il y avait aussi adossé au dit temple un petit clocheton avec une cloche de trois quintaux  Quelle que soit l’époque le vieil édifice ayant servi tour à tour d’église ou de temple semble avoir été toujours dans un  état de délabrement avancé dut certainement à son ancienneté mais aussi à la négligence de ses patrons catholiques et leur antagonisme  avec le Seigneur d'Arros qui ne manqua pas de faire valoir ses origines protestantes,  nécessitant des travaux toujours plus importants et dispendieux pour la communauté. Si bien que sa translation est alors jugée indispensable  à la bienséance des paroissiens vers un lieu plus commode et quand  après les premières  tractations qui semblaient devoir aboutir en 1768  entre le Baron d’Espalungue, la famille d’Abbadie de Livron et les jurats d’Arros le projet se trouve une première fois  bloqué par des questions juridiques concernant leurs droits et ceux  de leurs successeurs. Une délibération du conseil municipal du 28 aout 1788 reprendra alors sérieusement les négociations en vue de la construction  d’un nouvel édifice sur un terrain abbatial appartenant au Comte de Livron et des engagements du Baron d’Arros pour sa contribution d’une part  matérielle en fournissant quatre arbres et  la toute la chaux nécessaire  mais aussi  financière en prenant à sa charge le coût des deux tiers de la main d’oeuvre. Un accord semble bien  cette fois avoir été trouvé entre les parties mais  le projet est à nouveau suspendu par les évènements de 1789 et abandonné comme l’église d’ailleurs  pendant  les dix ans  qui suivirent, les biens du comte de Livron étant certainement devenu biens nationaux en 1793, ils appartenaient alors à la commune  . Des travaux de réparations temporaires  puis de construction  feront l'objet  de discussions au début du 19ème siècle au sein du conseil municipal   élu et un accord en 1801 est trouvé entre le baron qui fournira le nouveau terrain en l'échange de l'enclos de l'ancienne église et son cimétière propriété de la commune  et  qui reprendra en grande partie les termes de l’accord de 1788  tout à l’avantage de celle -ci qui ne peut à elle seule contribuer financièrement à la construction de la nouvelle église  qui finalement   verra le jour en 1836.


L’abbaye laique d’Arros

     Avec la révolution et l’abolition des privilèges disparut la dîme, cet impôt qui assurait les revenus de l’église catholique qui était collecté par les possesseurs d’abbayes laïques dans la plupart des villages du Béarn. On comptait dans l’ancien Béarn plus de deux cents de ces abbayes laïques et comme ces terres d’église étaient exemptées de taille, leurs propriétaires, dont on donne le nom d’abbé laïc, furent considérés comme possesseurs de terres nobles qui devinrent des fiefs héréditaires .Ils jouirent des prérogatives de la noblesse comme le droit d’entrer aux états que leur avait accordé Gaston Phoebus à la fin du 14ème siècle et d’autres droits honorifiques comme le droit de percevoir la dîme du lieu et celui de présenter le candidat de son choix comme curé, la possession d’une chapelle avec droit de sépulture, une place spéciale dans l’église, préséance pour les offrandes, processions et l’aspersion d’eau bénite. . En contrepartie il devait donner une partie de son revenu au curé, à l’évêque et à l’église et avaient aussi les devoirs d'assister les pauvres et malchanceux et faire ce que l'on appellerait aujourd'hui, du social. Les abbés laïcs ne seront incorporés à la noblesse qu'au milieu du  16ème siècle par la Reine de Navarre Jeanne d'Albret. 

   Il y avait encore en 1789 à Arros une de ces abbayes laïques propriété de la famille de Livron d’Abbadie de Saint Abit comprenant alors l’enclos de l’église, le cimetière autour ainsi que d’autres terres dites abbatiales. Alexis de Livron d’Abbadie dont la sœur Marie a épousé Henry Auguste d’Espalungue le baron d’Arros, fut le dernier abbé laïc d’Arros au moment de la révolution et de la rédaction de ses doléances par la communauté d’Arros.

La dîme à Arros

   Une des principales revendications des doléances de la communauté d’Arros en 1789 concerne le poids des impôts qui pèsent sur des habitants appauvris par de nombreuses catastrophes naturelles dans les années qui précédent la révolution entrainant de très faible récoltes et une grande misère en Béarn et celui qu’ils jugent particulièrement injuste, la dîme. Cet impôt qu’ils versent au 3/4 à Alexis de Livron Seigneur de Saint Abit, le grand décimateur de l’abbaye laïque d’Arros et le ¼ restant au chapitre de Lescar et qu’ils trouvent abusif dans l’article 4 de leurs doléances car détourné de sa fonction première suivant les règles ancestrales des fors du Béarn à savoir celles de l’entretien de l’église et de son curé qu’ils laissent ainsi à la charge des habitants payant déjà d’autres lourdes contributions au curé avec la prémice paquère et les novales (l’impôt sur les terrains nouvellement défrichés). L’ensemble de ces impôts rapportant suivant l’abbé Bonnecaze vers 1770 un revenu total de 800 livres.

   Art. 23 (doléances générales du Béarn au Roi). « Quoique les dîmes ayant été instituées pour fournir des aliments aux ministres des autels et qu'une partie ait été destinée aux réparations des églises, le haut clergé, possesseur de la plupart des dîmes dans le royaume, est néanmoins parvenu à se faire décharger de ces obligations pour les faire rejeter en partie sur les communautés laïques ; mais il plaira à Votre Majesté de ramener les dîmes à leur première institution, en rejetant sur ce bien la réparation et l'entretien des églises paroissiales.

   Art. 24. " Le logement de ses ministres forme une partie de leur entretien ; c'est donc sur les dîmes que les frais de ce logement doivent être pris et non sur les paroissiens. Votre Majesté trouvera qu'il est de sa justice de l'ordonner ainsi".

   Dans l’article 3 des doléances, les habitants redevables de la dite dîme d’Arros demandent aussi qu’elle ne soit collectée qu’après le prélèvement des semences et distraites ainsi celles-ci qui ont déjà acquitté ce droit et sont exposés par là à payer la dîme de la dîme. Cette impôt était prélevée sur les récoltes du froment et du vin, mais aussi en Béarn, du milh (millet) et de la sibade (avoine) parfois même sur le gros bétail et correspondait à un dixième de ces récoltes et que possédaient les abbés laïques. Les revenus des exploitants agricoles étaient plus touchés que les commerçants et artisans qui semblent en avoir été exempts bien qu’ils aient été redevables directement au curé sur les récoltes des jardins et enclos contigus avec la prémice de façon là aussi très abusive. 

   Art. 28. " Les décimateurs, voulant tout assujettir à la dîme, ont porté leurs prétentions sur les légumes cueillis en sec et que le père de famille destine à sa subsistance. Votre Majesté trouvera juste d'affranchir de cette dîme les légumes cueillis en sec dans les jardins : et, pour éviter les abus qui pourraient résulter du plus ou moins d'étendue des jardins, Votre Majesté est suppliée de les fixer à un arpent." .

   L’Evéché de Lescar prélevant encore et toujours au passage sa part sur tous ces impôts. Les mesures utilisées pour évaluer ces prélèvements étaient "le quoartau" (quartaut), mesure de capacité  pour les grains (10 à 11 litres)  et la myey quoartau, le "congallet" et le "bouchet". L'abbé laïque qui collectait la dîme devait selon les usages en redistribuer des parts à la Fabrique de l'église et au curé (appelé portion congrue) et sur sa part, reversait un impôt à l'évêque (l'arciut). Sur leurs parts le curé et la Fabrique reversaient un pourcentage à l'évêché appelé les décimes. 


Sépultures dans l’église d’Arros

        Les délibérations de l’assemblée municipale de mai 1788 avaient eu pour objet principal celui des translations du temple et du cimetière hors de la propriété du Baron vers un lieu plus approprié pour les fidèles. Il y fut alors aussi évoqué la question du devenir des sépultures de ses ancêtres qui selon l’usage avaient eut le privilège d’être inhumés au sein même de l’église paroissiale de leur seigneurie, un sujet qui vingt ans plus tôt lors des premières discussions avait déjà divisé les différentes parties concernées On trouve ainsi dans les registres paroissiaux d’Arros tout au long du 18ème siècle et jusqu’à une déclaration royale en 1776 limitant le droit d’inhumation dans les églises, les actes de décès des membres de la famille du Baron d’Espalungue avec la mention du curé de leur ensevelissement dans l’église Saint-Jacques d’Arros ( surement un tombeau familial aménagé dans une chapelle). Les membres de la famille d’Abbadie de Livron bien que propriétaire de l’abbaye laïque ne furent pas enterrés dans leur fief d’Arros selon la tradition pour la raison qu’ils en possédaient d’autres ailleurs en Béarn comme celui de Saint Abit où ils furent inhumés.

     On peut supposer, même en l’absence d’acte écrit que Daniel, le premier des Barons d’Espalungue d’ Arros fut certainement aussi le premier de cette famille avec sa femme Françoise de Casamajor à y être enterré à sa mort vers 1700.

Leur fils ainé, Henry 2ème du nom et Baron d’Arros, y fut ensuite inhumé en 1726 ainsi que Jeanne de Biron d’Espalungue, son épouse le 23 mars 1746.

Jeanne d’Espalungue célibataire fille des précédents et décédée le 10 mars 1764 est enterré dans l’église

Henry 3ème du nom, son frère et Baron d’Arros est enterré dans le tombeau de ses ancêtres le 30 avril 1745 comme vraisemblablement sa femme Marthe Catherine de Forcade Biaix décédée en 1777 et dont le lieu de sépulture n’est pas précisé dans son acte de décès.

Le 15 novembre 1737 meurt à Nay Marie Marthe, une fille des précédents âgée d’ un an qui a été ensevelie dans l’église d’Arros.

Le 21 septembre 1741 meurt Jean Raymond fils des précédents âgé de deux ans  et enterré lui aussi dans l'église.

 Il n’y a aucune précision dans l’acte de décès à Arros en 1814 sur le lieu de sépulture d’Henry Auguste d’Espalungue fils des précédents et dernier Baron d’Arros avant la révolution.

   L’ancienne église fut démolie quand la nouvelle fut ouverte aux paroissiens en 1836 et ses pierres taillés au moyen age  ont surement été réutilisées pour la construction de nouveaux bâtiments au village comme celle d’une nouvelle aile au château où les pierres provenant des tombeaux des d’Espalungue s’y trouvent peut être encore entreposés.

  Même si leur nombre fut très limité, surement dut à ses nobles copropriètaires se distinguant ainsi avec d’autres paroisses alentours, les d’Espalungue ne furent pour autant pas les seuls à bénéficier de ce privilège. Les curés décédés à Arros par tradition eurent aussi le droit d’être inhumés dans leur église et ce fut le cas pour deux d’entre eux au 18ème siècle. Les Sieurs Jean de Peyre et Raymond Moncaubeigt, curés d’Arros, furent enterrés dans l’église Saint Jacques respectivement en 1746 et 1771 et le même honneur fut accorder au Sieur Jean Bordenave certainement en sa qualité de 1er jurat d’Arros, décédé le 2 février 1751. Le dernier curé de l 'ancien régime, Jean Nabera, décédé en 1809 sera ,lui, enterré selon ses dernières volontés dans le cimetière d'Arros

    Ce privilège concédé aux notables du village fut aussi celui d’une seule et unique famille d’Arros, les Barrère du Bourdalat, qui furent inhumés dans l’église paroissiales pour une raison encore incertaine depuis Jean Barrère et sa femme Marie d’Abbadie-Debat décédée le 8 décembre 1751. Leur fils ainé Pierre âgé de vingt ans décédé en mars 1750 ainsi que Jean Barrère cadet (frère de Jean) en 1768 furent eux aussi enterré dans l’église sans qu’il n’y ait aucune information supplémentaire sur leur acte de décès mais qui laisse cependant supposer que cette ancienne famille d’Arros et compte tenu de  l’honneur qui fut rendu aux deux frères nés vers 1700 et de la même manière à leurs proches eut à une époque surement antérieure aux premières transcriptions sur les registres une certaine notoriété dans le village et peut être même une proximité avec les Seigneurs du lieu.

   Cette particularité concernant cette famille installée à Arros depuis plusieurs siècles fut le point de départ de mon intérêt pour notre village et ses habitants puisqu’il se trouve qu’elle est celle de mes ancêtres paternels dont les derniers descendants directs qui portent toujours le nom de Barrère vivent encore dans la commune et dont la petite histoire et la généalogie seront mises en ligne ici.

 

 
 

           Lettre de M. d’Espalungue à M. de Livron Sur l’église d’Arros                                                                                                            

            Au château de Blevancour, le 6 septembre 1768,

      Je suis on ne peut plus reconnaissant, mon cher Monsieur, des soins que vous voulez bien vous donner pour trouver quelque moyen de concilier vos droits avec le désir que j’aurais de déplacer l’église d’Arros ; je n’attendais pas moins de l’amitié que Madame votre mère et vous m’avez toujours témoignée, ainsi que des bonnes dispositions ou vous me parûtes à mon départ, de me procurer cet agrément et que mon frère m’avait confirmée depuis, comme une chose arrangée ; je vois néanmoins avec une vraie peine, mon cher Monsieur, que vos gens d’affaire y trouvent des obstacles qu’ils imaginent pouvoir nuire à vos droits ou ceux de vos descendants, ce qui est égal. Je vous avoue qu’en ayant parlé à des gens éclairés, je les avais cru entièrement levés par le projet que j’aurais de placer l’église sur le sol abbatial que vous possédez et qui s’étant jusqu’au village ; je vous offre à égard, Monsieur, toutes les suretés que vous croirez nécessaires pour assurer vos droits ainsi que ceux de vos descendants pour lesquels il ne peut y avoir, quoiqu’on dise, aucun désagrément à cette mutation. Si vous voulez au surplus, mon cher Monsieur, soumettre la décision de ce projet au jugement de gens éclairés, que nous nommerions de part et d’autre, soit sur les lieux, soit dans ce pays ci, je crois que ce serait le moyen le plus court et le plus assuré de terminer toutes difficultés ; je dois même vous avouer, qu’ayant fait part de mon projet avec toutes les circonstances, à des gens de ce pays ci fort éclairés sur ces sortes de matières, ils ont pensé qu’il ne pourrait y avoir d’opposition valable que des habitants du lieu ou des ministres de l’église pour le commode ou incommode ;je serai néanmoins charmé, Monsieur, de vous devoir ainsi qu’à Madame votre mère cet agrément et de vous donner à l’un et à l’autre dans toutes les occasions des preuves de ma reconnaissance infinie, ainsi que du sincère et inviolable attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Le Baron d’Espalungue


6 février 1801          

      L’an IX de la république française et le 17 pluviose au lieu d’Arros et maison commune, le conseil municipal assemble de l’ordre du citoyen Grilhou fils maire dans laquelle assemblée a représenté qu’il est d’une notoriété publique ;    

    1° Que le bâtiment servant de temple de la commune est déjà depuis longtemps dans le plus grand délabrement et qu’il en couterait beaucoup pour le remettre en état.      

    2° Qu’il en est de même du cimetière.      

   3° Que l’un et l’autre se trouvent dans l’enclos de l’habitation du citoyen Espalungue fermé du coté principal du village et d’ailleurs contigu à un ruisseau fréquemment sujet à déborder soit dans les crues d’eau, soit lors de l’irrigation des prairies du citoyen Espalungue , ce qui non seulement intercepte la plupart du temps le Chemin de Tourné du dit cimetière ou l’eau est entrée quelques fois en abondance au point de faire surnager les tombes Que ces différents inconvénients engagèrent les habitants et la municipalité de la dite commune d’Arros à délibéré les 8 et 25 aout 1788, vieux style, dans l’objet de prendre les mesures convenables pour transférer le dit bâtiment et cimetière dans un local plus sur et à la bienséance des habitants.    

    4° Que le citoyen Espalungue y trouve aussi son avantage offrit en concours avec le citoyen Livron, son beau frère et copropriétaire, de fournir gratuitement le terrain nécessaire en la dite translation 

En conséquence de quoi il fut procédé de suite à celle du cimetière mais les circonstances malheureuses ont suspendu la dite translation autorisée dans le temps ainsi que les délibérations de la commune d’Arros par les autorités compétentes. Qu’enfin le délabrement du dit bâtiment devenant plus menaçant chaque jour et sa translation ainsi que celle du cimetière plus nécessaire.  

   Le citoyen Espalungue a offert comme il l’avait déjà fait, non seulement de donner le local en compensation de celui ou existe le dit temple et cimetière dans son enclos, mais encore de fournir la chaux nécessaire et les deux tiers du cout de la main d’œuvre, un tiers par la commune fournissant les autres matériaux ainsi que le transport du tout conformément aux sus dites délibérations homologuées par l’intendant le 28 aout 1788.  

   Le conseil municipal considérant que rien n’est plus avantageux à la commune d’accepter les dites offres considérant que les mêmes motifs qui décidèrent les délibérations de la commune du dit 28 aout1788, vieux style, subsistent encore et qu’ils sont même devenus les plus impératifs. Le conseil municipal arrête que le maire se pourvoira de vers le préfet pour faire approuver le présent arrêté comme une suite de délibérations ci dessus ramenée à l’effet de les mettre à exécution dans toutes leurs dispositions et ce par les mêmes moyens usitées pour les dépenses et réparations à la charge des habitants de la commune et en cas d’insuffisance est également chargé de se pourvoir de vers le préfet pour la vente de quelques fonds communs soit pour tout autres moyens convenables autorisés par les lois.


7 février 1802  

         L’an dix de la république française et le dix huit pluviose au lieu et maison commune d’Arros, le conseil municipal assemblé, le maire a représenté que le conseil municipal ayant délibéré le 13 pluviose an 9 qui serait donner suite aux délibérations de la commune du 8 et 28 aout 1788, vieux style, pour la translation du temple et du cimetière d’Arros et ce par les mêmes motifs devenus encore plus impératifs Que le citoyen Espalungue pour se prêter à nouveau au vœux manifestés à cet égard par la commune, a bien voulu remplacer le local indiqué par le comte de Livron en 1788 à l’effet de la dite translation par un autre plus à la bienséance des habitants d’Arros, se réservant dans le dit temple sa sépulture et celles de sa famille Le citoyen Espalungue n’a pas paru éloigné de faire d’autres sacrifices plus considérables pour la commune tel entre autre que celui de donner son avenue traversant le village et qui conduit à son château pour l’usage des habitants à condition de la convertir en rue publique qui portera son nom inscrit sur le pilastre placé à chaque bout de la dite avenue qui sera à l’avenir entretenu par la commune d’Arros ainsi que la plantation des arbres qui la borde dans toutes sa longueur Et si dans la suite il s’y forme des habitations elle seront tenues de suivre le même alignement et dans le cas dans les suites que les arbres de la dite avenue sont préjudiciables aux propriétés voisines, le dit Espalungue les retirera à son profit et la commune sera déchargé du dit entretien Et quand à la rue existante depuis l’encagnure de la maison Casallé et de Suberbielle longeant le mur de cloture et porte du château du dit Espalungue, cette place restera toujours libre pour l’utilité et agrément de la commune et du citoyen Espalungue à la condition aussi aue le feu de saint Jean ou autre feu de joie ne pourront pas avoir lieu que dans le nouveau cimetière dans l’avenue ou hors de la proximité des greniers du dit Espalungue Et qu’au moyen des sacrifices qu’il fait en faveur de la commune, il réunira à son enclos le local du temple et cimetière actuel et chemin qu’il fermera à la dite communication du coté du village, et par lui néanmoins laissant un abreuvoir sur et commode à la « nougarette » vivifié par l’eau de son canal pour le breuvage des bestiaux et usage des habitants Et dans le cas ou l’eau de son canal vint à tarir par son fait, les dits habitants pourront conformément aux translations du 12 janvier 1654 et mois de mars 1738, aller puiser l’eau et abreuver les bestiaux dans le ruisseau Luz bordant l’allée du dit Espalungue Qui au sus dit cas courent autant pour lui que pour ses successeurs Que les habitants passent par l’entrée de sa prairie tirant vers son château pour utiliser l’usage de l’eau, bien entendu que la jouissance de la venue ci-dessus ramenée au profit des habitants n’aura son effet qu’au temps que la construction de la nouvelle église et cimetière aura lieu pour laquelle construction il offre de donner au besoin quatre arbres chênes propres à la construction La présente délibération ne dérogeant pas à celle du 17 pluviose an 9 relative à la dite construction.


 Réparations de l'église 

       L’an 1806 et le premier octobre au lieu d’Arros et dans la maison commune, le conseil municipal convoqué de l’ordre du Sieur Joseph Miramon, maire, celui-ci dument autorisé pour la dite convocation il a été représenté par le sus dit maire que pendant le cour du mois de juillet le dit feu Jean Grilhou alors maire fit faire une dépense en réparation pour notre église de cette commune dans un état de décence convenable lors de la tournée de Monseigneur l’Evêque. Cette dépense n ayant pas été autorisée par Mr le Préfet du département des Basses Pyrénées en conséquence les fournisseurs des matériaux nécessaires ainsi que les ouvriers restent en demeure pour ce qu’il leur est du attendu que cette dépense ne se trouve pas approuvé par le Préfet ce qui cause que le percepteur à vie refuse d’acquitter les mandats sur lui tirés pour subir au paiement des dites réparations.

       Pourquoi, le conseil délibérant en nombre suffisant est d’avis que les sus dites dépenses soient acquittées au produit des revenus communaux d’Arros qu’il croit suffisant moyennant une juste et économique administration. Les dites dépenses montants en planches, bardeaux, clous, lattes et main d’œuvre à la somme de 203 francs 75 centimes. Le conseil supplie la sagesse du Préfet de vouloir approuver la dite dépense et autorise le Sieur dit maire à faire pourvoir à l’acquit du paiement de la dite somme sur le produit des revenus communaux. Délibéré à Arros le sus dit jour mois et an

 

 

 
 

Echange de terrain

Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de la commune d’Arros

      L’an mil huit cent trente huit et le deux février le conseil municipal de la commune d’Arros assemblé en session ordinaire au lieu ordinaire de ses séances, étaient présents M.M Casalis, Grilhou, Lassus, Suberbielle, Poulit, Harclup, Casaux fils, Capadou adjoint et Miramon fils Maire. M.le maire a dit : " M.M, par contrat passé devant maitre Duclos, notaire à Nay le 26 juin 1826 entre feu le Baron d’Espalungue propriétaire du terrain appelé Pétrique et le sieur Bordenave adjoint d’Arros, faisant et agissant pour le compte de la commune, il fut fait l’échange de l’ancien local de l’église et cimetière appartenant à la commune contre celui de Pétrique pour y construire la nouvelle église. Feu M. le Baron consentit verbalement à ce que la commune prit possession du dit terrain pour y effectuer la dite construction avant qu’il n’en lui même de l’ancien local qui lui avait été cédé en contre échange par le dit contrat jusqu’à ce que cet édifice serait entièrement achevé. A présent que ce temple est terminé, que les offices divins si célèbrent, la famille d’Espalungue réclame l’entière exécution du dit traité et demande à entrer en possession du dit terrain mais avant de le leur livrer, il convient M.M. de faire la translation du nouveau cimetière sur le local de Birouste acquis par la commune destiné à cette fin et très propre à cette destination ainsi que de demander à M. le Préfet les autorisations nécessaires dans cet objet."

   Le conseil, ouï M. le Maire vu le contrat du 20 juin précité par lui présenté, et considérant que la famille d’Espalungue est fondé à réclamer l’exécution des conditions ramenées dans cet acte, et quelle est en droit de prendre la possession et jouissance de la manière réglée par les lois sur la matière de l’ancien local de l’église et cimetière enclavé dans leur propriété, est d’avis à l’unanimité de transporter le cimetière sur le local de Birouste destiné à cette fin et au préalable de demander à M. le Préfet l’autorisation nécessaire à cette translation ainsi que d’autoriser M. le Maire à faire lever un plan et devis pour le faire clore en mur de pierre, chaux et sable.


Les projets de construction 

            Les changements de régime avaient maintes fois repoussé sa construction  jusqu'au mois  octobre 1832, date à laquelle  les premiers plans de la nouvelle église projetée sont enfin dévoilés. L’édifice devait conformément  aux dessins de l'architecte se trouver entièrement sur le terrain dit enclos de Pétrique (cote 104 sur le cadastre napoléonien)  que le Baron avait acquis peu après la révolution le 13 juillet 1790 et échangé avec la commune contre celui de l’ancienne église et du cimetière  à laquelle  il appartenait depuis  1789  et la confiscation des biens de l’église.  Cette première étude présentait alors un projet où l’implantation de la construction  sur le dit terrain se trouvait à l’angle de l’avenue du château  et de la rue des Pyrénées avec donc une entrée donnant directement sur cette dernière.  La place que nous connaissons aujourd’hui  n’existait donc  pas dans les premiers plans édifiés par leurs rédacteurs ni  même la construction de la nouvelle mairie et l’école. Pour des raisons que nous verrons dans un autre article entièrement consacré à l’église, les discussions à propos de la construction sont une fois encore repoussées  jusqu’ au mois d’aout 1834 où  le conseil municipal d’Arros composé alors de Miramon fils  l’adjoint (le maire étant absent) et les  conseillers Grilhou,  Porte,  Juppé,  Capadou,  Suberbielle,  Poulit,  Casaux fils, Casalis et Paris s'est réuni dans l'ancienne maison commune (cote n° 107) pour y débattre  de l’acquisition d’un terrain nécessaire à la nouvelle bâtisse. En effet ils considèrent désormais  que le terrain appelé de Pétrique se trouve un peu à l’étroit d’après les dimensions établies sur les plans et que la commune compte tenu de l’adjudication et du rabais fait est en mesure de faire l’acquisition d’un terrain jouxtant celui qu’elle possède pour donner et ce sont les mots du rapport du conseil à ce temple toute l’élégance et la majesté convenable.

      Ce terrain est la propriété du Sieur Birouste  dans l’enclos du même nom coté n° 106 sur le plan cadastral  de 1827 confrontant à l’est et au sud la terre de Pétrique, à l’ouest la commune et au nord prigadaa   dont une partie est nécessaire pour la construction de l’ église  que la commune d’Arros lui propose donc  d’échanger contre un autre dont elle veut faire l’acquisition appelé enclos de Soubernats  (cote n°86) appartenant au Sieur Escoubé de Nay.

La commune s’engage pour cela de lui payer trois cents francs dès qu’elle aura eut les autorisations du Préfet et de lui faire construire une maison dans les mêmes dimensions que celle qu’il possède sur le terrain appelé Soubernats où il pourra réemployer les pierres de taille, poutres et autre boisages de son ancienne bâtisse. Birouste se réserve en outre  le droit d’enlever les arbres et les vignes de son jardin pour les planter dans son nouveau local. La commune aura un terme de  cinq ans pour le dit achat et construction et dans ce laps ce temps il pourra rester dans son enclos à l’exception faite du terrain nécessaire à la construction de l’église.

    La maison sera démolie finalement en 1837 comme celle aussi  de Soubernat qui devient dorénavant  la propriété des Birouste  et dont les descendants  habitent toujours sur ce terrain situé en face du presbytère dans  la rue des Pyrénées.


   Signé Thiers    

     A de nombreuses reprises depuis le milieu du 18ème siècle,  la reconstruction de l’église paroissiale sur un terrain plus accessible aux habitants d’Arros avait été à l’ordre du jour des assemblées de jurats d’abord sous l’ancien régime puis des conseils municipaux post révolutionnaires  et chaque fois les tractations avaient échouée et les projets avaient été repoussés à cause de la mésentente entre les diverses parties, des changements de régime ou plus tard  par le manque de crédits. Après les premiers plan, devis estimatifs et l’adjudication des travaux en 1832 et alors que tout le projet semblait enfin en passe d’être mis en œuvre, le début du chantier est une fois encore retardé  suite au rejet du devis quantitatif et qualitatif par le ministre du commerce et des travaux publiques de Louis Philippe 1er qui deviendra plus tard le 1er président de la Troisième république,  Adolphe Thiers.

Lettre au préfet des Basses Pyrénées

   Paris le 5 fevrier 1833,

        Monsieur le Préfet, j’ai fait examiner par le conseil des bâtiments civils le projet relatif à la reconstruction de l’église de la commune d’Arros. L’analyse de ce projet m’a paru démontrer que son auteur est également étranger à la théorie de l’architecture et à la pratique d la construction, et quoique le devis annonce quelques connaissances pratiques de la comptabilité, il est toute fois rédigé suivant une méthode très vicieuse. En effet, la maçonnerie n’y est pas détaillée, et notamment les dimensions des pierres de taille n’y sont pas relatées. Il y a également absence de tous  détails métriques et même estimatifs pour les planchers, les balustrades, les cloisons, les plafonds et la couverture.

     Mais ce qui prouverait dans l’auteur du projet l’inexpérience des plus simples notions de la construction, les bois doivent être coupés dans une propriété de la commune et tout le monde sait à combien d’inconvénients on s’expose en mettant en œuvre des bois fraichement abattus.

    Outre tous ces défauts, bien suffisants pour faire repousser le projet, le conseil des bâtiments civils à signalé dans le rapport que vous trouverez ci-joint une intention qui accuse à la fois l’imprévoyance de la commune et celle de l’architecte.

      Le devis suppose l’emploi des matériaux à provenir de la démolition de l’ancienne église, mais quelques  célérités  que l’on doive apporter dans la construction de la nouvelle, il faut compter que les travaux dureront deux ou trois ans, et dans cet intervalle de temps les habitants seront privés de local pour la célébration du culte.

     D’un autre coté, les déductions opérées au devis, tant pour la valeur des vieux matériaux que pour celle des branchages à provenir de la coupe des bois ne sont justifiées  par aucun détail de prix .

    On parerait à ces deux inconvénients en stipulant que l’ancienne église ne sera démolie qu’après l’achèvement de la nouvelle et en adjugeant toute fois, d’après   une estimation détaillée et motivée, les matériaux à provenir de sa démolition.

      J’ai donc pensé, comme le conseil des bâtiment civils , qu’il y avait lieu de refaire en entier le projet dont il s’agit, et que l’esquisse présentée par son rapporteur pourrait servir de base pour la composition des nouveaux plans, auxquels il sera nécessaire que l’architecte joigne un devis descriptif des constructions, un détail estimatif bien développé, appuyé de sous-détails de prix et un cahier des charges de l’adjudication.

     Comme il paraitrait difficile d’espérer un tel travail de l’auteur du projet rejeté, il serait dans les véritables intérêts de la commune le confier à un architecte d’un talent éprouvé.

     En soumettant ce nouveau travail à mon approbation, vous aurez soin de me renvoyer le rapport ce dessus énoncé, ainsi que l’esquisse qui accompagne les plans et devis ci-joints.

                 Signé Thiers, ministre du commerce et des travaux publics


 Détails de la construction

       Pour les constructions de la mairie et du presbytère de nombreux plans, devis quantitatifs et qualitatifs ainsi que le cahier des charges sont conservés aux archives départementales, il n’existe cependant qu’un seul document concernant la construction de l’église, excepté ceux de sa décoration trente ans plus tard, sous la forme d’un l’état  des  journées et des fournitures fait par Jean Maisonnette d’Arros l’entrepreneur sur l’ordre du maire ou il y détaille  quelques postes et leur cout. 

Les  6 et 7 octobre 1837 ; 4 ouvriers pour commencer à placer le maitre autel (5 francs par jour)

Le 16 octobre ; 3 ouvriers pour le transport des pierres dalles pour assujettir la maçonnerie (3 francs)

Les 23 et 24 novembre : Jean et son fils Pieranou mettent en place l’horloge (2 francs 10  sous par jour) Un sou, soit  le 20ème  du franc ou 5 centimes était une mesure de l’ancien régime que les français continueront encore à l’employer pendant longtemps  

Le 25 novembre : 4 ouvrier pour le même ouvrage et la mise d’aplomb de la cloche (5 francs 10 sous) et fourniture de 200 clous de marche (1 franc 4 sous) et bois pour 4 poulies pour la monture de l’horloge (1 franc)

Le 27 novembre ; 2 ouvriers pour commencer le banc (3 francs)

Le 29 novembre ; 2 ouvriers pour remplacer les gradins de l’autel (3 francs), la fourniture de 200 clous de marche (1 francs 4 sous) et la fourniture et façon du plancher de derrière le maitre autel (12 francs)

Le 16 décembre ; 3 ouvriers pour les gradins, le transport et le sciage d’une poutre du pont de Laclède (5 francs) et fourniture de pointe de Paris (1 franc)

Le 20 décembre ; 8 ouvriers pour préparer l’église à la veille de la bénédiction (12 francs)

Le 21 décembre ; 4 manœuvre à 10 sous chacun (2 francs)

Le 22 décembre ; 4 ouvriers pour placer les agrafes de la sonnerie et faire une porte pour l’entrée des courbés (5 francs 10 sous)

Le 23 décembre ; 4 ouvriers pour le banc (5 francs 10 sous)

Les 27 et 28 décembre ; 4 ouvriers pour le banc (5 francs 10 par jour)

Les 29 et 30 décembre ; 5 ouvriers (7 francs par jour)  fourniture de clous de Paris (1 franc), de 5 mètres cubes de sable chaux et pierre pour la maçonnerie du maitre autel (25 francs), de 3 mètres carré de planches au dessous du clocher (6  francs) et d’une feuille de tôle  pour fermer les croisés de la petite cloche (2 francs).

Les 8, 9 et 10 mars 1838 ; 3 ouvriers pour placer le bénitier (4 francs par jour) et fourniture de plomb (2 francs 10 sous) et fourniture de bois pour la corniche du banc la pied des petits bancs (2 francs) et pointe de Paris (12 sous)

        Le cadran de l’horloge estimé à 6 francs et la fourniture d’une  planche feuille pour l’autel (2 francs)

   A ce stade de l’avancement des travaux le cout total s’élevait à 1671 francs et 15 sous


eglise dArros

         1 église projetée; 2 maison Birouste; 3 avenue; 4 maison commune; 5 cimetière projeté; ; 5 bis terre à Pétrique. 6 place  publique

 
 

 

Embellissement de l'église

    Lors de la session du conseil municipal de mai 1849, une délibération avait été prise dans le but de se faire autoriser par le préfet à vendre trente chênes du bois communal dont le prix devait être employé à faire faire des réparations et embellissement à l'église considérant qu'elle ne possèdait aucun tableau et qu'il était douloureux pour la population de la voir dans ce triste état.

    Le 3 fevrier 1851 le conseil propose, compte tenu que le montant de cette vente avait été fort peu de choses en comparaison de la valeur des travaux qu'il voulait faire exécuter dans l'église, de demander de nouveau à vendre 45 chênes du bois de Bié dont la valeur sera employée pour acheter des tableaux et couvrir l'achat d'un lopin de terre afin d'agrandir le cimetière.


Les trois tableaux signés Subercaze

    Le 10 aout 1852, le président de l'assemblée communale fait remarquer que lors de la formation du budget supplémentaire de l'exercice 1852, le conseil municipal avait proposé l'ouverture d'un crédit de 800 francs pour achever le prix d'achat des trois tableaux qui se trouvaient exposés sans être encadrés dans l'église paroissiale d'Arros depuis le début de l'année 1852. Mais le préfet avait compris dans cette somme celle de 381 francs 15 centimes qui étaient destinés à payer les cadres  des tableaux et qu'en conséquence Mr Guiseris, doreur sur bois de Pau, le fournisseur de ces tableaux devait encore toucher cette somme. Mr le président invite donc le conseil à vouloir bien demander l'ouverture d'un crédit de 381 francs 15 centimes pour acquitter cette dépense. Il est arrêté à l'unanimité de suffrage de cette demande pour s'acquiter  du prix des tableaux qui orneront l'église de notre commune.

   On peut  toujours admirer sur les murs latéraux du coeur de l'église deux grands tableaux du peintre et photographe palois Léon Subercaze représentant l'un "la Cène" et l'autre "la descente en croix". Qu'est-il advenu de la troisième toile achetée par la commune? Il se pourrait très bien qu'après avoir  été exposée en 1852 dans le coeur de l'église , elle fut rétirée en 1900 lors de la fourniture des vitraux par le maître verrier Jules Pierre Maumejeau. Le devis quantitatif du peintre en 1863 le confirme par ses déductions de métrés très certainement à cause des tableaux qui n'avaient pas pas été descendus à l'occasion par l'entrepreneur. Ou se trouve donc aujourd'hui le troisième tableau de l'église d'Arros et que représentait-il?  Peut être bien son Patron  Saint Jacques. 


Décoration intérieure de l’église d’Arros

    Ce n’est que vingt cinq ans après sa construction que le projet dressé par l’architecte Poeyarré, fils, pour la décoration de l’église d’Arros fut approuvé par le préfet des Basses Pyrénées suite à une délibération du conseil municipal du  10 avril 1862 qui avait ouvert le crédit de 800 francs pour sa réalisation. Le préfet donna au maire son autorisation au moyen d’un marché de gré à gré compte tenu de la somme relativement peu importante par un courrier daté du  4 février 1863. Le marché est conclus le 22 mars 1863 entre Jean Miramon le maire d’Arros et Prosper Betbeder, peintre décorateur domicilié à Pau, ce dernier acceptant de faire les travaux à l’église suivant les dispositions des plans et devis rédigés par Mr Poeyarré, architecte domicilié à Pau et approuvés par le préfet. Il s’oblige à commencer les travaux d’ici le 15 avril de la même année et les avoir terminés avant le 15 juillet moyennant la somme de 800 francs qui sera prise sur les fonds de la caisse municipale, à savoir 400 francs à la moitié de l’ouvrage et les 400 restants après la réception des travaux.

Devis estimatif fait par l’architecte Poeyarré à Pau le 5 novembre 1862 des travaux à exécuter à l’intérieur de l’église d’Arros

   1°  400 m² de peinture à la colle imitation pierre avec indication des assises de la nef et des bas-côtés

 Nef 200 m²,  bas-côtés 160 m² et colonnes 40 m² à 0.40 francs le m² pour toute fourniture, façon et échafaudages soit 160 francs

   2°  Peinture décorative pour la voûte du sanctuaire

96 m² de peinture à raison de 3 francs le m² soit 288 francs

  3°  5 rosaces dont 3 pour la nef et 2 pour les bas-côtés peintes à la colle à 8 francs l’unité soit 40 francs

  4°  Peinture décorative du sanctuaire de 154 m² dont 17.5 m² de partie circulaire auquel il faut déduire un tableau de 12 m², deux autres produits de 36 m² (peut être les tableaux du peintre et photographe palois Léon Subercaze représentant « la Cène » et « La descente de Croix »)  deux portes et le maître autel soit 9.60 m² pour un total de 57.60 m² . Il reste ainsi 96.40 m² à raison de 3 francs le m² pour toute fourniture, façon et échafaudages pour la somme de 289.20 francs.

Total des travaux 777.20 francs et 22.80 francs pour cas imprévus soit un devis estimatif de la somme de 800 francs.

 

 

  Les cloches d'Arros

        L'église Saint Jacques d'Arros, comme tous les édifices religieux construits au 19ème siècle ne présente guère d'intérêt architectural ou historique excepté, peut être, les tableaux du peintre Subercaze dont un manque aujourd'hui et les vitraux du début du 20ème. Lors du transfert de l'église primitive dans le parc du château il semble que bien peu de choses aient pu prendre place dans la nouvelle construction si ce n'est un ancien retable du 18ème ayant depuis disparu. L'église paroissiale devait être bien pauvre et réduit au strict nécessaire comme un inventaire des biens saccerdotaux en 1791 en témoigne. Si rien n'existe de l'époque ou antérieur à la construction par l'entrepreneur d'Arros Maysonnette dans le coeur ou les pièces lalérales, le clocher seul pourrait  peut être  apporter quelques traces d'éléments d'origine intéressants n'ayant pas ou peu été aménagés ou transformés au cours du temps. On entre dans le clocher au dessus du porche d'entrée par un petite porte située au milieu de la tribune là où il y a encore quelques décennies les hommes du village se retrouvaient en nombre à l'occasion des grandes fêtes religieuses.  La porte n'est pas close  et on accède ainsi au premier plancher qui semble juste servir de débarras pour encombrants tels que du  mobilier ancien  et quelques vieilles planches  n'ayant pas été évacuées lors de petites restaurations antérieures. Après avoir gravi les marches en bois d'un escalier droit on trouve au milieu du second niveau une espèce de grande armoire renfermant l'horloge du clocher. Elle a été fabriquée par la société de Louis Delphin Odobey fondée en 1858 à Morez dans le Jurat. L horloge est donc postérieur à la construction de  l'église où se trouvait à l'origine, très vraisemblablement, celle présente dans l'ancien clocher. L'inscription " L.D Odobey cadet" sur le petit cadran est celle de la raison sociale de l'entreprise familiale créé en 1880 ce qui laisse penser ainsi que la nouvelle horloge fut installée après cette date et même peut être plus précisément en 1885 ( ce que nous verrons plus loin). 

A suivre

horloge Odobey cadet

 Modèle de l'horloge du clocher d'Arros