Exode
L’entrée des troupes allemandes en Belgique le 4 août 1914, au mépris des traités internationaux, provoqua l’exode de centaines de milliers de belges vers la France où dans un premier temps ils furent accueillis en héros. Ils furent répartis dans les villes et les villages très loin des combats et pour cinq d’entre eux, très certainement des enfants, furent reçus dans notre village où ils fréquentèrent peut être même l’école communal. Ils venaient tous de la même petite ville flamande de Roulers à quelques kilomètres de la frontière française non loin de Lilles et leur nom y étant encore aujourd'hui présent ils est certain qu'ils retournèrent après la guerre dans leur commune pourtant dévastée par les bombardements anglais de 1918 pour repousser les troupes allemandes. Ils s’appelaient: Urbanie Endron, François Gaysoint, Cyrille et Julia Dewaegemacker et Maria Vanderbaege;
Une vie brisée
Ils sont plusieurs héros de la grande guerre à figurer sur le monument aux morts face à l’église et la mairie, dont les noms ne font pas partie des familles connues pour s’être installées au village depuis longtemps mais qui se trouvaient à Arros pour diverses raisons au moment de la mobilisation générale au début du mois d’août 1914. Jean Nougarou est un de ces hommes, bien qu’il soit né à Nay en 1888 où vivent ses parents, dont l’ acte de décès a pourtant été transcrit dans le registre de la commune alors qu’il n’y a peut être même jamais vécu ou très peu. Soldat de la classe 1908 il avait été envoyé dans la disponibilité le 24 septembre 1911 avec son certificat de bonne conduite, il est néanmoins rappelé le 2 août 1914 pour rejoindre l’armée trois jours plus tard. Moins de trois mois avant son départ vers le front, Jean s’était marié à Arros avec Marie Luce Laguilhème-Ladessus, une fille du village qui très certainement resta dans sa famille à Arros pendant tous le conflit avec l’angoisse de recevoir un matin une mauvaise nouvelle des tranchées où tant d’arrosiens ont déjà péri depuis le début des hostilités. Nougarou fut blessé et évacué trois fois pendant les combats mais il reprit sa place à chaque fois au 418ème régiment d’infanterie avant d’être finalement tué à l’ennemi le 26 avril 1917 au tristement célèbre « chemin des Dames » à Cerny dans l’Aisne. Son corps repose aujourd’hui peut être dans l’ossuaire du cimetière militaire du village de Cerny avec 2386 autres compagnons d’infortune . Son décès fut naturellement transcrit à Arros le 8 octobre 1917 où vivait sa jeune veuve. Curieusement,en 2007 une certaine Maria Nougarou d’Arros décéda à l’âge de 93 ans et serais donc née en 1914. Serait-ce une fille de Jean ? Marie Luce aurait alors été enceinte au moment de la mobilisation et Jean n’aura peut être jamais vu son enfant. Un bien triste destin.
Reconnaissance et honneur
à nos poilus oubliés
Cent ans que les canons de la Grande Guerre se sont tus et le Sous Lieutenant Edouard Lanusse Médebielle poilu d'Arros et unique officier Chevalier de la Légion d’Honneur, mort au chemin des Dames le 25 juillet 1917 n’est toujours pas retranscrit sur les registres d’état civil de la commune et ceci malgré son nom gravé dans la pierre du monument aux morts. Oublié pour la seconde fois dans l’article du bulletin municipal de novembre 2018 rendant hommage aux disparus d’Arros au même titre que l’abbé Monrepos notre vicaire jusqu'à sa mobilisation et mort aussi aux champs d’honneur. Vous trouverez ici quelques mots à propos de notre curé apparemment méconnu de l’auteur de l’article et toute l’histoire peu banale d’Edouard Lanusse , un enfant d’Arros mort pour la France. Oublié aussi Jean Barrère soldat au 140ème RI le véritable dernier poilu mort pour la France à l'hôpital de Sens suite de maladie contracté en service le 18 aout 1919 en contradiction avec le même dit article.
Chiens de guerre
Le service des chiens de guerre fut créé par le ministre de la guerre Alexandre Millerand. Réquisitionnés dans les fourrières ou donnés par leur maitre ils ont aussi participé au conflit comme messager, sentinelle, garde, secouriste et même simplement comme mascotte ou 26000 d’entre eux furent tués. En mai 1915 il fut donné et expédié de nombreux animaux dont certains venaient d’Arros et appartenaient à Juppé, Cachou, Laguilheme, Larousse, Labarrère, Porte, Badiedebat, Lacrouts, Latapie et Bordenave Celestin.
Jour de fête à Arros
Le dimanche 27 avril 1930, Arros était en fête à l’occasion de la remise solennelle d’un superbe fanion brodé à la section communale de l’U.N.C nouvellement constituée. A dix heures, une cinquantaine d’anciens combattant se sont pressés sur la place de la mairie où Mr porte, le jeune maire, entouré de plusieurs membre du conseil municipal a prononcé cette allocution.
« Mr le président, mes chers amis ;
Un noble sentiment de fierté vous a donné de désir d’établir dans notre commune une section des anciens combattants de la grande guerre. La commune, dès la fin de la guerre, s’était fait un devoir d’élever un monument à la gloire de ceux de ses enfants morts au champ d’honneur. Il garde la mémoire de ses chers disparus et de leurs noms gravés sur la pierre qui seront répétés avec respect pour les générations à venir.
Vous, anciens combattants, vous avez partagé les souffrances et l’héroïsme de ces victimes, vous avez défendu la gloire et l’indépendance de notre pays. Il est juste que vous puissiez vous grouper autour de ce drapeau, pour lequel plusieurs d’entre vous ont versé leur sang pour l’honneur duquel, tous, vous avez été des braves. Le conseil municipal a tenu à honneur de contribuer à vous le procurer.
C’est une joie profonde pour moi un des jeune à qui vous avez assuré l’indépendance et la paix, de vous le remettre solennellement au nom du conseil municipal et de toute la population.
Vive la section des anciens combattants
Vive la France »
Il a remis ensuite le fanion à Mr Méniche, le distingué président de la section qui a remercié en ces termes.
« Mr le maire,
Au nom des anciens combattants de la section d’Arros, je vous adresse ainsi qu’à MM les membres du conseil municipal mes plus vifs remerciements pour avoir participé d’une façon si généreuse à l’achat de notre drapeau.
L’emblème français aux trois couleurs a un lourd passé de gloire et nous devons en être fiers ; les armées victorieuses de la révolution se promenèrent dans toute l’Europe, les guerres napoléoniennes achevèrent de le glorifier. Si la Restauration le dédaigna, nous le revoyons réapparaitre avec l’Empire et la IIIème République. Tour à tour il connut les victoires et des revers mais la gloire ne le quitta jamais. Le sanglant outrage qu’il eut à subir en 1870 a été effacé par les poilus de 14/18. Aujourd’hui, grâce à de hardis pionniers, il flotte sur les quatre coins du monde.
Notre emblème à nous aura un sort plus pacifique. Il réunira dans l’union et la fraternité tous les anciens combattants de la section d’Arros.
Je termine, Mr le maire, en vous remerciant encore ainsi que MM les membres du conseil municipal pour avoir témoigné aux anciens combattants de la commune votre sympathie et votre reconnaissance. »
Une messe a ensuite été célébrée au cours de laquelle a eut lieu la bénédiction du fanion. A l’issu de la cérémonie, les anciens combattants, les élèves des écoles,une grande partie de la population se sont groupés autour du monument aux morts de la grande guerre ; Mr Harclup, le dévoué secrétaire de l’association a prononcé d’une voix ému, à l’appel des noms des quarante-deux soldats d’Arros morts pour la patrie. A chaque nom appelé, les jeunes garçons répondaient « mort au champ d’honneur ! »
Mr Méniche a pris ensuite la parole et d’une voix vibrante a prononcé le discourt qui suit :
« Mesdames, messieurs, chers camarades,
Au pied de ce monument que la commune reconnaissante a fait élever pour glorifier ceux de ses enfants morts pour la Patrie, nous venons nous recueillir et apporter à nos héros l’hommage de nos souvenirs émus. Leur gloire à eux est impérrissable, leurs noms gravés sur le marbre sera pour les jeunes génerations de la commune un exemple de courage, d’abnégation et de bravoure.
La plupart d’entre vous les ont connu ; vous savez à quel point ils possédaient les qualités qui font des héros. Nous, leurs anciens frères d’armes qui connaissons les souffrances qu’ils eurent à endurer pour conserver nos foyers intacts, nous leur conserverons toujours le culte du souvenir »
Il lit ensuite un magnifique poème dut à la plume de son camarade de combat P.Mirat de Meillon. Il dépose enfin une magnifique gerbe au pied du monument.
A ce moment, une excellente harmonie venue de Nay joue la Marseillaise et la foule s’écoule lentement profondément remuée, pendant que les anciens poilus organisent un passe-rue en musique
A midi tous les anciens combattants sont rassemblés au restaurant de la Tranquilité où un délicieux banquet servi par le vatel Pierre Bouriat, les attendait. Il fut remarqué à la table d’honneur, Mr Mourat, conseiller général, Mr Prat conseiller d’arrondissement, Mr Castet, délégué du groupe Béarnais, Mr Porte maire d’Arros et la plupart des membres du conseil municipal.
La plus franche gaité n’a cessé de régner pendant tous le repas. Au dessert, le président remercie les personnalités qui ont bien voulu répondre à son invitation, il lève son verre à leur santé, à la santé de tous les combattants et de leurs familles. Tour à tour, Mr le Maire, Mr Mourat, Mr Prat et Mr Castet prennent la parole et en excellent termes. Ils assurent la nouvelle section de toute leur sympathie en lui souhaitant une longue existence dans l’union de tous.
Plusieurs monologues ont été récités et plusieurs morceaux ont été chantés ensuite par des amateurs de talent.
A seize heures, le banquet terminé, la musique joue ses airs les plus entrainants et le bal commence. Jeunes gens et jeunes filles d’Arros et des communes environnantes s’en donne à cœur joie.
A dix sept heures un ballon portant l’inscription « vive Arros » s’élève majestueusement dans les airs.
A vingt et une heures un magnifique feu d’artifice a été tiré sur la place de la mairie par les soins de l’actif commissaire Raphaël Montamat qui s’est montré décorateur de talent dans l’aménagement de la salle du banquet autant qu’habile artificier.
A vingt-deux heures, le bal a recommencé tout aussi animé que l’après midi et a continué jusqu’à une heure fort avancée.
Les organisateurs furent félicités pour cette fête admirablement réussie et dont le souvenir restera dans la mémoire des arrosiens.