Le presbytère

 

   Le presbytère en 1809

    Le 25 novembre 1809, Jean Baptiste d’Espalungue, maire de la commune d’Arros, canton de Nay accompagné des sieurs Jacques Séris dit Cauhapé et Josep Miramon, tous de la présente commune se sont transporté dans la maison de Majourau, ci-devant presbytèriale appartenant aux habitants de la dite commune où feu M. Nabera desservant la succursale vient de décédé le vingt du courant et où il était logé dans l’objet de procéder à la constatation et l’état de la dite maison et dépendance. Ils ont constaté : 1° que la dite maison se trouve construite à un rez de chaussée, un premier étage et le grenier. Sur le rez de chaussée, il se trouve une cloison qui sépare la cuisine d’une chambre dont les planches de la dite cloison nécessitent d’être rassemblées. 2° sur le premier, il se trouve deux cloisons en très bon état, les planchers aussi en très bon état, les fenêtres du devant donnant sur la basse-cour se trouvent délabrées, le pendant du feu en bon état. 3° passant ensuite à la grange il ont trouvé et constaté que le plancher se trouve garni de planches en majeur partie neuve et non assemblées, une fenêtre donnant sur la basse-cour se trouve déplacée et néanmoins existant sur le plancher, les solives du dit plancher placées en nombre suffisant. 4° la loge des cochons située au levant de la basse-cour à trois places et volière sur le haut et latrines à coté se trouvent très usées. 5° enfin passant à la vérification du jardin ils ont constaté qu’il se trouve fermé dans la quatre horizons par des murs en sable en chaux dont une partie de côté au midi se trouve en très mauvaise état, dans l’enceinte du dit jardin y existe 25 arbres fruitiers dont 19 poiriers, deux pêchers, deux pruniers et deux figuiers . Ils observent que la basse-cour se trouve fermée avec un portail.

 

Le presbytère d’Arros

les origines

     L’emplacement à l’angle des rues  des Pyrénées et du  plantier est celui là même que les jurats d’Arros  avaient choisi au début du 18ème  siècle pour y construire le presbytère du village tel que l’on peut toujours le voir de nos jours (ou presque). Une lettre de ces derniers destinée  au Parlement de Navarre et datée de 1702 contient en effet quelques détails de sa construction concernant essentiellement les artisans qui y prirent part et le budget de sa mise en œuvre. Le village n’a jamais manqué de maçons ni de charpentiers, (les raisons en seront  détaillées dans un autre article) et ce sont naturellement des artisans natifs du lieu qui seront alors  retenus pour bâtir le  presbytère dont les dimensions en firent un bâtiment remarquable à cette époque pour la somme de huit cent livres.

    La maçonnerie fut confié à un certain Ramon Gassié qui était très certainement Maitre Bernard Pailhet de Monein et l’époux de Jeanne Ramongassié  qui sont  les ancêtres  des  Ramongassié d’Arros .

     La charpente fut partagée entre deux artisans dont la tradition familiale dans ce domaine était établie depuis de nombreuses générations.  Les jurats attribuèrent donc aux charpentiers Lapassade d'Arros et Puyo Guillaume de Nay pour  leur savoir faire ancestral  toute  la partie des métiers du bois de la construction.

    Pendant tout  le 18ème siècle les curés de la paroisse occupèrent le presbytère, parfois même avec des membres de leur famille comme pour Nabera,  le dernier curé avant la révolution décédé en 1809 dont les parents  y  moururent  et cela jusqu’en 1789 et la confiscation des biens de l’église. La maison  dite  « Majourau » est alors vendue comme bien national par Mr Hélie, le commissaire délégué par le gouvernement (l’ancêtre du Préfet créé par Napoléon en 1800) au profit de Jean Puyou dit Trauqué d’Arros le 20 thermidor de l’an 4 (7 aout 1796). Le citoyen Puyou dit Trauqué , fils de Jean Hourat et Marie Puyou d’Arros  avait été marié avec Antoinette Trauqué  issue d’une très ancienne famille  protestante du village (nous verrons ici bientôt la généalogie), il  fut entre autre conseiller municipal et trésorier du conseil  entre 1800 et 1801 à l'époque où Jean Grilhou occupait le poste de maire.

    Le presbytère fut ensuite revendu le 26 floréal de l’an 7 (15 mai 1799) à la majorité des habitants d’Arros


Projet de rénovation 

      Le 2 février 1841, Mr Miramon le maire d'Arros fit observer à l'assemblée que l'intérieur du presbytère était dans un état de délabrement tel qu'il menaçait de tomber en ruine et qu'une réparation y était tout à fait urgente afin de rendre cette habitation convenable au logement d'un prêtre. Il était nécessaire de faire rehausser à la hauteur du bâtiment existant  un petit appenti qui y était adossé et ensuite de faire distribuer l'intérieur autrement qu'il ne l'était afin que le curé eut une chambre indépendante pour pouvoir donner à quelqu'un qui viendrait lui rendre visite ou lui demander l'hospitalité. Cette dépense pouvait être couverte par les fonds plus que nécessaires  de la commune par le produit d'une  vente extraordinaire de bois. 


   La reconstruction 

      La commune va, au moins jusqu’en 1817 d’après les comptes rendus du conseil municipal, louer le presbytère aux habitants d’Arros qui en avaient fait l’acquisition en payant individuellement le Sieur Puyou dit Trauqué, et  payer à son entretien conjointement avec Saint Abit et Bourdettes (le curé d’Arros desservant les trois communes. Près de 140 ans après sa construction le bâtiment étant cette fois propriété de la commune et certainement en très mauvais état, le conseil municipal se décide à son agrandissement et sa rénovation. Pour cela un appel d’offre est lancé en aout 1842 pour des travaux  qui sont évalués à 6054 francs et 65 centimes, non compris les honoraires de Mr Bazeille l’architecte s’élevant à 256 francs et 96 centimes  et approuvés par le Préfet le 5 septembre. L’adjudication se fera dans la salle ordinaire du conseil de préfecture où se rendent Mr Miramon, le maire d’Arros, son adjoint Capadou, deux conseillers (Lassus et Horgue) en présence  de Mr Mondiet le  conseiller  de préfecture et le receveur de la commune et où se sera dépouillé les soumissions pour ces dits travaux.

   Deux enveloppes contenant les soumissions de deux entrepreneurs sont sur le bureau avant d’être décachetées et le contenu lu à haute voix.

  Celle d’abord de Bernard Bellocq proposant un rabais de 66 francs 88 et puis celle de d’Henri Barbé, maitre charpentier d’Arros en faisant un de 938 francs 37. Cette dernière étant plus avantageuse, le maire, de l’avis du conseil déclare que le dit Henri Barbé est adjudicataire des ouvrages compris au devis moyennant la somme de 5099 francs 37 et aux conditions  de ne pas sous traiter les travaux et d’en garantir le bon déroulement par le  cautionnement de ses biens s’élevant 1400 francs et la caution  de Mr Horgue  propriétaire à Arros.

     L' état des travaux effectués par le dit Henri Barbé en 1845 nous donne de plus amples détails sur une  rénovation qui ressemble fortement à une nouvelle construction compte tenu du quantitatif pour chacun des éléments du devis  avec en sus  des travaux supplémentaires s’élevant à la somme de 2367 francs 4 (moins les 15,5 % de rabais)  pour  un coût finalement de l’ouvrage de 7099 francs 79.

 

 

 

Presbytère  d'Arros

 


Plan de façade du presbytère en 1842

(archives départementales)

Presbytère d arros

 

      Décompte général de tous les ouvrages exécutés pour l’élargissement et la réparation de la maison presbytérale de la commune d’Arros par le Sieur Henri Barbé qui en étant entrepreneur en vertu de l’adjudication qui lui en a été consentie le 22 aout 1842 par Mr le Maire de la commune et approuvée par le préfet le même jour.

Ouvrages exécutés conformément au détail estimatif

56.44 m3 de démolition de murs en pierre chaux et sable à 0.50 le m3 soit 28 fr 22.

8.38 m3  de fouille pour les fondations à 0.44 fr le m3 soit 3 fr.91

56.49 m3 de maçonnerie ordinaire à 8 fr 63 le m3 soit 487 fr.51

3.10 m3 de pierre de taille à 31 fr.47 le m3  soit 97 frs.56

192.20 M² de cloisons en brique s et plâtre à 2.25 frs le m²  soit 445 fr.95

98 m de longueur pour les cheminées à 2 fr le m soit 196 fr

436.65  m² de crépissage à 0.46 fr le m² soit 200 fr.86

207 m² d’enduit à 0.50 fr le m² soit 103 fr. 65

18.38 m3 de bois pour la charpente à 54 fr. 59 le m3 soit 1037 fr.29

45.80 m² de couverture en ardoise à 4 fr.23 le m² soit 193 fr.73

135.19 m² de plancher en châtaignier à 3 fr.99 le m² soit 539 fr.41

95.64 m² de plancher en bois de sapin à 2 fr.02 soit 193 fr.19

62.56 m² de dallage à 2 fr.25 le m² soit 140 fr.76

160.81 m² de plafond en plâtre à 1 fr.58 le m² soit 254 fr.08

89.70 m² pour les enduits des murs à 0.75 fr soit 67 fr.27

50.40 m de courante d’entablement en tuile à canal à 2 fr.80 le m soit 141 fr.12

15 croisées en pierre de taille avec feuillure à 20fr chaque soit 300 fr

1 porte maitresse évaluée à 40 fr

1 porte pour l’office à 25 fr

Total des travaux exécutés 4495 fr.51