Moulins et foulon

 

 

Entretien du moulin d'Espalungue

      L'entretien et les réparations du moulin à farine et du foulon situés sur le canal de l'Escourre à Arros incombaient à la communauté lesquels étant parmi les nombreux  privilèges des Barons du lieu depuis l'ancien régime. Elle devait non seulement fournir le bois nécessaire mais aussi d'assurer les frais de transport de celui ci et des meules à remplacer. Malgré l'article 14 des doléances des habitants en 1789 qui demandaient à en être déchargés, les avantages des Barons ne furent pour autant pas abandonnés tout au long du 19ème siècle ayant traversé quasiment sans encombre la période révolutionnaire  en se maintenant toujours à la tête de la commune.

 

Le 30 octobre 1815

  Le trente octobre mil huit cent quinze au lieu d’Arros et dans la maison commune, le conseil municipal duement convoqué en exécution de la lettre de Mr le Prefet du neuf courant relative à la session, ou assemblé des conseils municipaux, et par l’ordre de Monsieur le Maire, ou il a été observé par ces derniers qu’il trouve urgent de s’occuper des moyens à prendre pour la délivrance du boisage nécessaire aux réparations et entretien du moulin et foulon de Mr d’Espalungue situé à Arros, que la commune doit fournir en exécution des transactions sur ce passées dans le temps entre les auteurs de Mr d’Espalungue et la dite commune, à quoi le conseil s’est occupé et prenant en considération l’exposé de Mr le Maire, délibérant en conséquence, il a été décidé que lorsqu’il s’agira dors en d’avant de faire quelque réparation aux dites usines, il sera constaté et vérifié par deux experts dont l’un sera choisi par le propriétaire et l’autre par le Maire agissant pour la commune, lesquels experts procèderont à la reconnaissance du bois nécessaire aux dites réparations et ensuite au choix des arbres à fournir à l’assistance d’un commissaire délégué par l’administration locale. Délibéré à Arros ce jour.

 

 

Construction d'un moulin et foulon

     1793 et le 20 février, l’an deuxième de la république française au lieu d’Arros et dans la maison commune, le conseil général étant assemblé avec les citoyens habitants en assemblée générale dans laquelle il a été représenté par la citoyen Jean Sassus maire du dit lieu qui a dit qu’il serait bon pour la faculté de la commune de construire de nouveau un moulin et foulon. Après avoir fait examiner par un ingénieur où l’on pouvait trouver le local pour les y construire en conformité et dispositions permises par les lois et par la communauté d’indemniser les fonds de quelques propriétaires qui pourraient se trouver avoir pris de leur fond. La commune fournissant : le boisage nécessaire tant pour le moulin que foulon ainsi que les meules et généralement tous ce qui sera besoin et nécessaire ainsi que le paiement qui devra être fait à celui qui fera la dite entreprise. Après la proposition faite par de citoyen Sassus maire a été (mot incompréhensible) de tous les citoyens du lieu au moyen que tous les habitants contribueront selon leur force et lorsqu’ils y seront commandés par le garde commun avec ordre de la municipalité, il demeure convenu que l’afferme du moulin et foulon ne sera faite qu’avec condition que tout habitant pourra moudre son grain de quelle espèce qui puisse être qu’à demi pugnère et pour foulonner les couvertes il ne sera payé que pour celles de dix pans ou plus grandes trois livres pour chacune et celle de neuf pans et plus petites à deux livres. Conditions observées de tous les habitants ; chacun et tout habitants sera préféré à l’étranger et dans le cas de discutions de quelques plaintes soit au moulin ou foulon, la plainte sera portée à la municipalité qui rendra justice sur le moment. Il demeure convenu que le conseil général de la commune dressera une police sur laquelle les conditions seront faites à la manière qu’il faudra se conformer et la dite police sera rendue notoire à tous les habitants dans une assemblée générale afin que tous les habitants puissent s’y conformer et pour veiller à la diligence de cette construction. La dit communauté a nommé et nomme le citoyen Jean Sassus maire, Jacques Davencens procureur de la commune, Jean Porte, Jean Bourda et Jean Massali ainé auxquels la communauté leur a donné pouvoir de dirier cette construction jusqu’à fin d’ouvrage, d’emprunter l’argent besoin et nécessaire seulement à cet objet, à la charge par eux d’en rendre compte exact de tous l’argent qu’il auraient employé promettant la communauté de les relever francqs quittes, qu'elle est indemne de toutes dépens dommages et intérêts comme aussi leur payer leur vacation au moyen d’un état qui sera fourni par eux de leurs démarches.

 

6 septembre 1800

      Le 19 fructidor an 8 de la république française, le conseil municipal de la commune d’Arros assemblé conformément à l’arrêté du préfet des Basses Pyrénées du 24 thermidor dernier. Scéants les citoyens Espalungue, Bernis Miramon, Sassus, Bordenave, Cambel, Poulit, Bonnemazou, Juppé, Sallenave et casamajou Le maire et adjoint de la dite commune ont présenté qu’étant d une nécessité urgente de réparer certains ponts existants dans la dite commune tel que celui appelé Le Pontat construit sur canal du moulin servant à la communication des terres La Cardede de la dite commune et les ponts de Pedemelou et Barrere sur la route de Nay à Oloron Lesquels deux ponts ci dessus seront entretenu à l’avenir par le gouvernement au moyen de quoi la commune en mesurera les charges Considérant que pour subvenir aux dites dépenses en partie d’y celle il convient aux intérêts de la commune d’affermer la terre à décrasser dont l’usage est acquis aux habitants d’Arros Le tout sans en pouvoir faire commerce, fraude néanmoins qu’on se permet chaque jour et qu’il est instant de faire cesser.Arrête que l’extraction de la terre à décrasser, le tout sans nuire aux besoins des habitants et du dit Espalungue sera affermée au profit de la commune au citoyen Lourede foulonier au foulon appelé du sindicq territoire de Nay appartenant au citoyen Espalungue d’Arros L’offre que fait le dit Lourede de foulon de préférence et au même prix de foulage du foulon d’Arros appartenant au dit Espalungue. Les refus des habitants en que le dit Lourede ne pourra faire commerce ny d’user de la terre à décrasser pour le dit foulon du sindicq à peine d’être privé de la dite terre et dans le cas de contravention de la part du dit Lourede ou autre contrevenant ils seront tenus de payer une amende de cinquante francs, moitié au profit de la commune et l’autre au dénonciateur. Et quand au prix de l’afferme de la dite terre à décrasser projetée en faveur de Lourede , le prix en sera réglé par le maire et adjoint de la commune et dont le produit de la dite ferme ainsi que des amendes le cas échéant sera versé en main du trésorier percepteur de la commune. Aussi pour que personne n’en ignore, la présente sera affichée à la porte extérieure de la maison commune et de l’église, au sur plus le maire et adjoint sont autorisés de faire exécuter la présente dans toutes ses dispositions. A Arros, le jour mois et an que dessus

La sus dite délibération contre laquelle Dougé fils d’Arros et certains habitants étrangers s’étaient pourvus ayant surpris un arrêté du préfet du 11 vendémiaire an 9 contraire aux intérêts de la commune d’Arros et aux droits du citoyen Espalungue. Celui ci s’est pourvu par pétition du 21 vendémiaire suivant, laquelle ayant été renvoyée au maire d’Arros pour donner son avis est intervenu un second arrêté le 25 germinal suivant plus conforme aux intérêts des parties. Lequel arrêté et pièces justificatives nous ont été communiquées et restaient en main du citoyen Espalungue comme pièces conservatrices de ses droits. Signé, Grilhou maire

La dite délibération du 25 germinal an 9 transcrite sur le registre folio 14.

 

Le moulin à foulon

       Le foulon servait à battre ou fouler la laine tissée afin d'enlever le gras dont on imbibait les fils pour faciliter leur filage et leur tissage. Les tissus étaient mis dans des auges avec de la terre à foulon ou terre à décrasser abondament arrosés pour y être foulés avec des maillets mus par la force de l'eau dans le moulin. On utilisait de la terre à foulon, une argile qui a la propriété d'absorber les matières grasses. Cette opération permettant de resserer les fibres du tissu pour lui donner de l'épaisseur et du moelleux. Le foulage pouvant apporter une plus value jusqu'à 50% par rapport à une pièce non foulée. Ces moulins se sont développés sur les cours d'eau au profit des petits seigneurs qui en détenaient les droits dans le cadre des banalités.

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3 mai 1801

      Le treize floréal an neuf de la république française, le conseil municipal convoqué d’après la lettre du préfet du 25 germinal dernier, le citoyen Espalungue nous avait communiqué un arrêté de la préfecture des basses pyrénées du 25 germinal an 9 dont la teneur suivante:

        Vu la délibération du conseil municipal de la commune d’Arros du 19 fructidor an 8 relative a la mise en ferme de la terre à décrasser, l’arrêté du préfet du onze vendémiaire an 9, la pétition du citoyen henry Espalungue de la dite commune tendante à faire rapporter le dit arrêté et les actes ci joints, les observations du maire. 

                   Le préfet des basses pyrénées considérant  que lorsque, par son arrête du 11vendemiaire dernier, il annula quelques unes des dispositions de la dite délibération, il ne connaissait point les droits du citoyen Espalungue qui lui avaient servi de fondement. Cette délibération n’en faisant pas mention et le conseil municipal ayant sans doute cru inutile d’en parler, attendu que le citoyen Espalungue avait lui-même concouru à cet acte comme membre du conseil.

          Considérant, qu’il parait des actes produits, que le citoyen Espalungue est propriétaire du terrain d’Escoules et que les habitants d’Arros y ont seulement des usages Considérant que la dite délibération dont il s’agit réservant la faculté de faire cette extraction pour leurs besoins particuliers l’objet du titre qui leur accorde ce droit est rempli à leur égard. Et que les autres délibérations relatives à la mise en ferme s’accordant avec les droits du citoyen Espalungue devraient être maintenus. Que le produit de le ferme devant tourné au profit de la commune et la préférence du foulage étant assurée aux habitants dans le foulon du citoyen Espalungue situé dans le territoire de Nay au même prix que celui d’Arros. Ces clauses loin d’être nuisible aux habitants leurs sont au contraire favorables.

          Considérant cependant que l’amende de 50 francs imposée par la délibération pour chaque contrevention ne peut pas avoir lieu. La loi seule pouvant établir des peines publiques.

                   Rapporté son arrêté du 11 vendémiaire an 9 sauf la clause qui annule la disposition de la délibération du 19 fructidor précédant qui établi une amende de 50 francs pour les contreventions sans préjudices, à la commune de réclamer civilement une indemnité concurrente le cas y échéant. Approuvé au sur plus des autres dispositions de la dite délibération pour être exécuter dans leur entier. Sur des nouvelles réclamations faites en germinal an onze par le citoyen Poey foulonnier à Mirepeix est intervenu un arrêté du citoyen Castellanne prefet du 17 messidor suivant qui déboute le dit poey et confirme celui du 25 germinal an 9. transcrit folio 38

 
 

Folio 38

       Sur une pétition au préfet du citoyen bernard Poey foulonnier à Mirepeix tendante à être autorisé à extraire sous un droit modéré de la terre à décrasser dans les communaux d’Arros. Excipant à cet effet d’un arrêté du préfet Guinebaud du 11 vendémiaire an 9 Lequel néanmoins fut rapporté sur les réclamations du citoyen Espalungue par un second arrêté du 25 germinal suivant, le renvoi du préfet de la sus dite pétition au maire d’Arros du 3 prairial an 11. Les observations du dit maire, sur quoi nouveau renvoi du préfet du 24 prairial suivant qui ordonne la communication du tout au citoyen Espalungue. Ensemble les observations de ce dernier du 3 messidor suivant, est intervenu l’arrêté définitif du préfet suivant :

        Vu la pétition du citoyen bernard Poey de Mirepeix, fermier du foulon appartenant au citoyen Bouillac demandant lui permettre de faire extraire dans les communaux d’Arros la quantité de la terre propre au décrassage des étoffes qui lui est nécessaire pour l’usage du foulon qu’il exploite, à la charge par lui d’indemniser la commune en payant un franc par charrette de terre ou tout autre droit modéré et uniforme qui sera fixé, moyennant ce, au maire de protéger l’extraction et le transport de la terre par tous les moyens qui sont en son pouvoir. Vu les observations du maire et celles du citoyen Espalungue des 19 et 24 prairial dernier.

       Vu aussi les arrêtés de votre prédécesseur des 11 vendémiaire et 25 germinal an 9. Le préfet des basses pyrénées considérant ;

                Que si par son premier arrêté du 11 vendémiaire an 9, son prédécesseur permet la mise en ferme ou une taxe uniforme sur la terre propre au décrassage qui serait extraite par les habitants d’Arros en sus de leurs besoins pour l’usage des particuliers hors la commune. C’est qu’il ignorait alors et que le conseil municipal ne lui fit pas connaitre les droit du citoyen Espalungue sur la propriété des communaux.

                Que le citoyen Espalungue ayant établi par titre qu’il est propriétaire du terroir d’Escouts et que les habitants d’Arros n’y ont seulement que des usages et le droit d’y extraire de la terre à décrasser pour leur besoin. Son prédécesseur s’empressa de rapporter cette disposition par le second arrêté du 25 germinal suivant.

                Que quoique le maire annonce l’existence d’une contestation sur cette propriété néanmoins d’après l’état actuel la faculté de la commune dans l’extraction de la terre à décrasser est bornée aux besoins des habitants qui ne peuvent en faire un objet de commerce.

                Que des lors, l’autorité administrative n’étant pas juge de la question de propriété qui est dévolue et soumise aux tribunaux, ne peut accueillir la réclamation du citoyen Poey ni de tout autre jusqu’à que cette question ait été décidé en faveur de la commune. Arrête qu’il n’y a lieu de statuer quand à présent sur la demande du citoyen Poey. Fait à Pau le 17 messidor an 11 de la république

                                        Signé : B.Castellanne pour expédition Le secrétaire général de préfecture signé : Daguette.

Le 30 octobre 1815

     Le trente octobre mil huit cents quinze au lieu d’Arros et dans la maison commune, le conseil municipal duement convoqué en exécution de la lettre de Mr le Prefet du neuf courant relative à la session, ou assemblé des conseils municipaux, et par l’ordre de Monsieur le Maire, ou il a été observé par ces derniers qu’il trouve urgent de s’occuper des moyens à prendre pour la délivrance du boisage nécessaire aux réparations et entretien du moulin et foulon de Mr d’Espalungue situé à Arros, que la commune doit fournir en exécution des transactions sur ce passées dans le temps entre les auteurs de Mr d’Espalungue et la dite commune, à quoi le conseil s’est occupé et prenant en considération l’exposé de Mr le Maire, délibérant en conséquence, il a été décidé que lorsqu’il s’agira dors en d’avant de faire quelque réparation aux dites usines, il sera constaté et vérifié par deux expert dont l’un sera choisi par le propriétaire et l’autre par le Maire agissant pour la commune, lesquels experts procèderont à la reconnaissance du bois necessaire aux dites réparations et ensuite au choix des arbres à fournir à l’assistance d’un commissaire délégué par l’administration locale. Délibéré à Arros ce jour.

    Cet article tiré des délibérations du conseil municipal est un bon exemple prouvant  que l'abolition des privilèges pendant la nuit du 4 aout 1789  fut bafouée quelques années seulement après à Arros sous la Restauration avec la nomination du Baron d'Espalungue comme maire par le Préfet. C'était pourtant une des doléances des habitants de notre commune que d'être déchargé de l'entretien du moulin et du foulon dans l'article N° 14. Ce même Baron, propriétaire et maire, fait alors prévaloir pour ces travaux les anciens droits  de sa famille comme il le fera longtemps encore en ce qui concerne ses possessions foncières et privilèges sur le territoire  d'Arros.

 

3 septembre 1853

     Le président de l'assemblée rappelle au conseil que la commune est tenu de délivrer gratuitement  au Baron d'Espalungue le bois nécesaire pour l'entretien de ses usines. Il a ajouté que les arbres qui font partie de la délivrance à faire cette année sont déjà martelés et que comme les réparations que nécessitent les dites usines sont d'une urgence bien reconnue, il convient de désigner un entrepreneur responsable pour faire abattre les dits arbres dans le plus bref délai possible. Il a terminé en l'invitant à désigner le Sieur Jean Blanquine, propriétaire à Arros qui réunit les qualités nécessaires pour remplir ces fonctions d'une manière satisfaisante.

    Après avoir murement réfléchi, le conseil est d'avis à l'unanimité de nommer pour responsable de la coupe des arbres à délivrer à Mr le Baron d'Espalungue pour réparer ses usines pendant l'année courante le sieur Blanquine, candidat proposé par le Maire, lequel réunit les qualités désirable et fixe son traitement à la somme de trois francs.