La route royale d'Arros

La route royale d’Arros  (1ère partie)

Dans l’article concernant les routes et chemins d’Arros nous avons pu voir l’importance de cette ancienne route dite royale entre Nay à Rebénacq mais qui en cette fin de XVIII ème siecle ne répond plus vraiment aux besoins pour les communications privées et commerciales grandissantes. C’est pourquoi dans le cadre des transformations et rénovations du réseau en Béarn voulues par l’intendant d’Etigny quelques années auparavant, il sera construit au début des années 1780 sur son ancien parcours, dans son ensemble, une nouvelle route nécessitant pour la dite construction un agrandissement et donc des fonds à prendre sur les propriétés riveraines. Les propriétaires concernés par les indemnisations étaient; les sieurs Bidot (apothicaire à Nay), Barrère, Coumet, Soubercase , Laragnouet et le baron pour certaines parties de terres prises sur sa métaierie de Pédemelou. Pour cela, il a été fait une première estimation le 8 juin 1784 puis une seconde en décembre 1785 toutes les deux semblant avoir été rejetées par le dit Bidot et consort vu leur condamnation à payer les dépenses jusqu’au procès verbal du 30 octobre 1787 ou l’intendant ordonne aux jurats de faire payer dans les plus brefs délais la somme de 1814 livres d’après la dernière estimation en date du 6 juin 1787 pour indemnité et 2100 livres avec les intérêts. La communauté d’Arros n’a cependant pas les moyens de payer une telle somme pour indemniser les propriétaires pour leurs fonds. Or il existe un décret royal du 1er juillet 1750 permettant de vendre des communaux pour payer les dettes des communautés lors de la construction de routes, entre autre et éviter ainsi aux paroisses de se trouver lourdement endettées ou de dédommager les terrains pris en leur accordant le remplacement par des biens communaux dans la paroisse où leurs biens étaient situés. Il est donc arrêté le 7 juillet 1787 que la communauté d’Arros n’a d’autres choix que de vendre des fonds communaux jusqu’à l’occurrence de 2100 livres pour pourvoir à ces paiements.

Le 12 décembre 1787, quatre vingt un chefs de famille d’Arros se retrouvent dans la maison commune en assemblée générale avec les Sieurs Pierre Bernis dit Miramon le 1er jurat, Pierre Bordenave, Jean Casaux et Jean Cazamayou les jurats ainsi que Jean Doumecq, Pierre Séris, Jean Labiste et Jean Bourda les députés. Le sieur Bernis Miramon présente alors à la dite assemblée que le sieur Bidot et autres propriétaires étaient perdants à l’occasion de la construction de la nouvelle route de Nay à Oloron passant par Arros et qu’ils ont signifié une requête le 7 décembre par laquelle ils exposent qu’ils sont en règle par le rapport des experts qui ont procédé à la troisième estimation et qu’ils demandent à l’intendant d’homologuer le rapport et de condamner en même temps les jurats de remplir au paiement de leur indemnité montant à la somme de 2100 livre ou environ. Le premier jurat explique aux habitants que la communauté ne peut pas payer une telle somme et serait d’avis de faire la vente de quelques parties du fond communal les moins utiles pour les habitants avec l’autorisation de l’Intendant. Seront mis à la vente :

1° Les anciens chemins

2° Deux arpents grosse perche au quartier appelé Darré Lauga le long des herms communs de saint Abit

3° Un arpent au quartier appelé Gauzé le long de la pièce du sieur Labes de Clarac

4°Deux arpents au quartier appelé dessus Becat le long de la pièce de Mounet et l’herm commun de Bourdettes

5° Un petit lopin situé au dessous du jardin de Becat entre lequel il y a un chemin public qui mène à Bourdettes et qui restera libre

6° Si le cas est que les fonds ci-dessus désigné après que la vente en sera faite , le prix qui en proviendra ne suffit pas pour obvier au paiement de l’indemnité dont- il s agit il en sera vendu deux arpents au quartier appelé de Laragnouet entre les bois de Barbe de Bosdarros et la grange appartenant à Laragnouet et dans le cas encore que avec ce dernier article le prix en provenant ne suffit pas pour se libérer des dites ’indemnités, le syndic nommé ci-après suppliera Monseigneur l’Intendant d’ordonner qu’il sera continué de procéder à la vente d’autres fonds au même quartier de Darré Lauga jusqu’à concurrence de la dite somme de deux mille cent livres. 

               Le 1er Jurat demande alors aux habitants si la représentation faite leur convient à quoi ils ont répondu qu’ils ne sauraient s’empêcher de l’accepter vu qu’elle est fondée dans la plus grande économie pour leurs intérêts, ces fonds exposés en vente se trouvant aux extrémités de chaque partie des herms communaux ne portant nulle interception pour le pacage du bétail de la communauté. En conséquence, ils l’ont accepté dans toutes ces dispositions et au fin de demander l’autorisation de la dite vente la communauté a nommé pour syndic Jean Lannet, syndic général des affaires de la communauté ; lequel demeure chargé de faire les diligences les plus promptes pour la dite autorisation. Ses journées lui seront payées selon l’usage de la communauté. Sur quoi une délibération a été arrêtée par pluralité de voix. Ceux qui savaient signer ont signé, les autres ont approuvé par leur serment (Les jurats Cazamayou et Casaux ainsi que le député Bourda sont, eux, opposés au projet.  Ils ne seront pas les seuls !)

Dscn0886 copie                    Le chemin royal d'Arros et le pont dit de Barrère

 

Dscn0882 copie                                            Le pont de Barrère

 

Cassini 108 extrait ed 1 nat congress

Carte de Cassini (1ère édition 1778)

 

Cassini 108 extrait ed 1815 1

Carte de Cassini (2ème édition 1815)

   Le tracé de la nouvelle route royal entre Nay et Rébenacq passant par le territoire d'Arros  a été ajouté ainsi que la route vers Bruges dans cette nouvelle édition.